Le Café de la Danse est complet. Il reste à peine quelques places libres sur les marches.
Le public est à 60% féminin, à vue d’œil, à travers l’épaisse fumée qui laisse présager le début imminent du concert.
Quelques retardataires rentrent encore quand les lumières s’éteignent. Un faisceau de lumière orange vient dessiner la silhouette d’un orgue de barbarie qui déroule une petite mélodie.
Loane entre ensuite en scène, dans le noir. Alors que la majorité de la salle a les yeux rivés sur l’orgue, elle prend place derrière un piano de bois parcouru d’une guirlande de fleurs roses, tout à droite de la scène.
La première chanson est relativement jazzy, comme le sera l’ensemble du concert, car si Loane s’accompagne au piano, un batteur (avec une petite batterie), un guitariste (électrique mais en son folk) et un contrebassiste (chapeauté) la soutiennent sur scène.
Après un timide "bonsoir", la seconde chanson, sous des projecteurs rouge orange est plus enjouée, et fait apparaître des sourires partout dans le public. Rapidement le titre "Jamais Seule", premier single, déclenche le premier contact entre l’artiste et le public. Premiers applaudissements en rythme pendant la chanson.
A la mi-concert, Loane se lève et vient au centre de la scène.
Elle est vêtue d’une simple robe tombante noire, apparaissant exactement comme sur les photos noir et blanc de l’album. "C’est dur d’être timide, de ne pas savoir quoi dire". C’est grâce à cette réserve prude et pourtant visible, qu’elle emporte le public, charmé. Elle entonne alors une chanson quasi a capella. Sa voix, en retenue, est au centre du concert.
Pour la septième chanson, Loane et ses trois musiciens se rassemblent sur le devant de scène, tous autour du même micro, pour une chanson qui parle du temps. Sympathique mise en scène, joyeux sourires communicatifs, guitare classique et xylophone.
Le concert continue ensuite son petit bonhomme de chemin, une reprise de la BO de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, une chanson inspirée d’un livre de Clarissa Pinkola Estès…
La set list et la construction de ce live posent les bases pour faire connaissance avec la chanteuse.
Le public attendra jusqu’au rappel pour entendre "Danser", les remerciements et la présentation des musiciens.
Au final, un petit concert très bien préparé, très précis et pertinent dans les lumières, avec un mixage sonore au service de la voix. Une belle production, une jolie promotion, simple mais très calculée pour nous faire découvrir une artiste de plus.
Si l’industrie lui permet de rester suffisamment longtemps dans le paysage musical français, Loane saura sans doute trouver son public, apprendre à lui parler et commencer à jouer avec lui. Comme toutes les nouvelles voix françaises, on commencera sans doute à vraiment parler d’elle pour son deuxième album. Puis le troisième, en cas de succès (rentabilité + notoriété) sera produit avec un peu plus de moyens, un peu plus de musiciens, et sera "l’album de la maturité".
Loane est donc une chanteuse plus ou moins calibrée acoustique, avec un répertoire dans le vent de et l’humeur des Rose et autre Renan Luce. Une auteur interprète de plus, qui devra démontrer comme les autres une originalité pour durer. |