Réalisé par Mabrouk el Mechri. France, Belgique. 2008. Avec : Jean Claude Van Damme, Karim Belkhadra, Jean François Wolff.
JCVD est un film de fiction, dans lequel Jean Claude Van Damme joue son soit disant propre rôle.
Soit disant car malgré tous les articles et interviews qui nous faisaient croire à la mise en abîme, aux déboires réels du Jean Claude civil, au final, il n’en est pas grand chose.
Et c’est tant mieux pour cette oeuvre, qui par conséquent se donne la liberté d’être un long métrage à part entière. Rien à voir avec un biopic pompeux, donc : Jean claude Van Damme est toujours vivant.
Ce qui frappe, avant tout, ce sont les choix esthétiques : cette image sépia aux contours friables et granuleux, un film en marron et blanc avec une quasi-absence de couleurs, des reflets scintillants et certains décradrages très art et essai.
Mais par ce procédé, tous les personnages sont au même niveau. Tous, star ou inconnus, acteurs de compléments ou second rôles, tous sont traités avec les mêmes contrastes, les mêmes surexpositions. Ce parti pris esthétisant peu repousser, où être mal perçu, mais va avec pertinence dans le sens du discours sous jacent au film : personne n’est parfait, qui que l’on soit.
Le réalisateur a parfois tendance à en faire trop avec certains effets faciles (caméra épaule pour la panique, plongées avec diagonales pour le malaise des situations ambigües...), mais si tout cela peut pêcher par excès de graphisme, on ne peut reprocher au réalisateur et à son interprète d’être allés au bout de leur démarche, et d’avoir pensé à tous les axes, techniques et philosophiques de l’oeuvre.
Le film cherche la performance : les plans séquences, les monologues, le réalisme, le rapport réalité fiction. On peut donc voir ce long métrage comme une entreprise de séduction téléphonée, trop bien pensée et préparée ; ou bien comme une oeuvre réfléchie à de multiples niveaux de lectures, faite pour les spectateurs attentifs dans leur ensemble, et pas seulement pour les initiés de l’acteur.
Mais quoi qu’on en dise, JCVD est simplement un film de fiction ambitieux, un (quasi) huis clos réaliste, un drame à hauteur d’homme.
Le fait que l’acteur joue son propre rôle est un prétexte aidant à faire passer le message, mais pas une justification du film. Contrairement à ce qu’on pourrait croire avant d’aller voir ce long métrage.
Au final, JCVD est un film à la mise en scène maniéré mais maîtrisée, avec un comédien que la majorité vont découvrir ; un film de fiction injecté de phantasmes de céniphile adolescent, et d’un peu d’imaginaire moderne.
Cette oeuvre vieillira mal, sans doute, mais restera un témoin sincère d’une vraie volonté artistique globale. Et un tournant, on l’espère, dans la seconde vie d’acteur de JCVD. |