S'il y a bien deux constantes qui traversent les époques chez nos amis
d'Outre-Manche, c'est bien d'une part l'alignement sur le grand frère
américain dans tous les coups tordus mais aussi et avant tout le talent
pour le songwriting. Car c'est bien de cela dont il est question : Ecrire Des
Chansons.
Tom Mc Rae a en effet ce talent indéniable pour composer
de jolies petites complaintes nombrilistes qu'il agrémente de son timbre
tourmenté, complaintes qui lui ont valu une bonne visibilité dès
la diffusion de son premier album éponyme chez dB Records.
Pour précéder l'ouverture de sa tournée en France (dates
en bas de page), et après avoir annulé à plusieurs reprises
sa présence, Tom McRae se retrouve enfin dans le cadre aéré
et intime des mythiques Black Session (diffusé exceptionnellement avec
un léger différé) pour défendre sa dernière
livraison de chansons (Just like Blood - dB Records) durant
un tout petit peu plus de l'heure syndicale devant un public majoritairement
acquis à sa cause.
S'il y a une marque de fabrique de l'univers Tom Mc Rae, elle se matérialise
formellement avant tout par sa voix, à la fois aérienne et plombée
par les sanglots contenus. Cette illustration sonore prend désormais
en live une autre ampleur.
Tom ne partage en effet plus la scène uniquement avec sa guitare mais
s'est entouré ce soir d'un groupe : SON groupe (car ils sont bien là
autour de lui et pour lui, mercenaires d'une tournée à la solde
du songwriter) qui s'aligne sur la forme classique d'un quatuor (TMcR + clavier
basse batterie) agrémenté d'une contrebassiste pour bien souligner
le pathos. Ses compositions n'ont en toute franchise pas vraiment besoin de
ce déploiement de moyens (il les avait composées sans eux) mais
cela habille très décemment le tout et fait indubitablement plus
sérieux sur scène, qui n'est d'ailleurs pas son domaine de prédilection,
je rappelle que le monsieur en question préfère écrire
des chansons, et bien tristes tant qu'à faire.
Que les titres interprétés par Tom McRae ce soir soient souvent
très élégants et même parfois très réussis
on n'en doute pas une seconde : des textes assez bien ficelés pour explorer
les facettes d'un type malheureux et fier de l'être, sans les fautes de
goût de pompiers de la pop FM ou un affect feint ou exagéré,
c'est très bien fait, ce garçon est doué et très
pro...
Mais quand on a fini de constater cela, on discerne assez mal la raison pour
laquelle on s'ennuie autant durant le concert : sans doute pour le manque de
variété et d'inventivité dans l'expression. Tom creuse
toujours le même sillon ce qui finit par émousser son spleen et
sa voix souffreteuse lasse en fait assez rapidement.
A cela s'ajoute une présence scénique modeste qui assure le minimum
légal (exception faite d'une dédicace mortelle du "Boy
with the Bubble Gun" à l'intention de Tony B.). Dans une seconde
mesure, l'usure est d'autant plus rapide qu'il peine à apporter grand
chose qui n'ait pas été touché du doigt par le débit
incessant de groupe pop essayant de singer Nick Drake provenant des
archipels britanniques (pas de noms, ce serait tellement gratuit de toujours
s'acharner sur les mêmes).
Au final tout cela est bien carré et propre sur soi, rien de vraiment
désagréable mais rien non plus qui l'empêche d'être
assez dispensable en concert.
|