Réalisé par Ari Folman. France/Allemagne/Israel. 2008. Avec : Ari Folman, Ori Sivan, Ronny Dayag.
Ce film d’animation Israélien sur la guerre du Liban était un des favoris de la compétition cannoise 2008. Les échos étaient unanimes : Valse avec Bachir est un film choc!
Avec un tel Buzz il était hors de question de rater l’avant première programmée juste une semaine avant sa sortie nationale. Pourtant la salle était que très moyennement remplie, peu de lillois finalement étaient prêts à vivre une expérience cinématographique supposée intense.
J’avoue que j’étais un peu déçue que le thème du film ne soit pas un peu plus mobilisateur…
1h30 où des images d’une esthétique léchée retracent la quête obsessionnelle 20 ans après des souvenirs de la guerre du Liban d’un ancien de Tsahal . Au commencement Ari retrouve en pleine nuit dans un bar un ami en proie à un cauchemar récurrent au cours duquel il est pourchassé par une meute de chiens féroces, 26 exactement soit les 26 clébards qu’il a du abattre lors de son service au cours de la guerre du Liban.
Ari lui de la guerre il n’ a étrangement aucun souvenir, pourtant le lendemain de cette rencontre, il rêve pour la première fois de cette guerre : lui jeune soldat se baigne devant un Beyrouth ravagé par la guerre. La brèche s’ouvre et du rêve au souvenir c’est une quête obsessionnelle et dangereuse dans laquelle notre homme s’engouffre.
Le puzzle, pièce par pièce prend forme sous nos yeux captivés, si Ari ne se souvient pas il demande l’aide de ceux qui étaient avec lui, de ceux qui ont vu comme lui cette guerre. Les témoignages de ses compagnons d’arme vont faire ressurgir de sa mémoire ses propres souvenirs.
Cette Odyssée dangereuse initiée par notre protagoniste nous rappelle à quel point notre mémoire relève de procédés complexes, qu’elle est le fruit d’une construction collective et personnelle et que sa sélectivité relève souvent du réflexe de survie enfouissement dans ses tréfonds de l’insupportable pour nous protéger de très probables traumatismes.
Mais à travers Ari c’est aussi tout un pays qui se souvient. La guerre et ses crimes met définitivement fin à un autre rêve, le rêve fondateur celui des premiers colons juifs qui au lendemain de la seconde guerre mondiale mus par la création d’un foyer protecteur pour ses enfants, à l’abri des aléas de l’Histoire. Israël devient ainsi une Nation à part entière aussi cynique et coupable que les autres et c’est un de ses enfants qui nous en fait une démonstration implacable et sublime.
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