Parallèlement à l'animation d'un atelier de création photographique à la Centrale de Clairvaux, Eric Aupol a mené un travail photographique de réflexion tant sur l'institution pénitentiaire que sur le mystérieux mimétisme entre le lieu et l'occupant et la mise en abyme de la clôture, des cellules monacales aux cellules pénitentiaires.
La Maison Européenne de la Photographie en présente une très consive, mais édifiante, sélection.
Loin de tout voyeurisme ou de réalisme social, les photographies présentées sous forme de compositions mettant en résonance un lieu, en l'occurrence la vieille abbaye cistercienne de Clairvaux qui avait été transformée en prison, et un homme, un détenu au corps puissant, interpellent non seulement le regard mais aussi l'âme.
Le regard par un travail soigneusement maîtrisé de l'ombre et de la lumière dans des clichés en contre-jour d'une grande densité qui aboutissent à une certaine désincarnation tant des murs vétustes et dégradés que de l'homme déshumanisé par le processus pénitentiaire, au regard imperceptible.
Seul le corps, son unique bien, lui aussi marqué, tatoué, explose de force comme de souffrance.
De l'âme, pour l'emotion ressentie, transmise par ces lieux de désolation, de chagrin et d'abandon. L'homme se prénommait Thierry. "Une longue peine comme les autres, que j'ai un jour croisé, dans l'énergie de sa révolte". |