Ca commençait pourtant mal… Non, en fait, ça commençait plutôt bien. Enfin…
Le premier concert auquel j’assiste est celui de Arno. Le groupe se pointe, pas de guitare (surprise !), clavier, basse énorme et batteur à la frappe sèche. Arno débarque, démarche déglinguée, charisme à la fois relax et destroy, tendu et désinvolte, très particulier. Intense.
Au bout de quelques morceaux, toute la scène se vide de son électricité. Plus de lumière, plus de son. Arno fait tomber le micro, salue, sort. On attend. On siffle, on gueule, on se dit que ça va ne pas durer. Ca dure. Finalement, la fée électrique daigne réalimenter le flux vital, les musiciens reviennent, se remettent dans le groove, jouent un morceau et demi et les plombs sautent à nouveau. Arno jette le micro, demande pardon, salue, sort. Arf. Quel dommage, c’était parti pour être un concert énorme. A ce jour, je ne connais pas l’origine de ces coupures…
On se dirige alors vers la grande scène et la Bande Originale, par simple curiosité. Grand mal nous prit ! Qu’est-ce que c’est ? Oh, un vaste bœuf organisé pour célébrer les 20 ans des Eurocks, avec tout un tas d’invités. On assiste dépités à un karaoké géant où les petites stars françaises viennent se montrer en chantant des tubes grossiers. Au secours ! Nous fuyons écouter Biffy Clyro sur la plage, où le groupe se démène. Le son est un peu brouillon. C’est pas mal, ils jouent une pop mélodique mais puissante, mais ce n’est pas trop ma tasse de thé. Bières-clopes dans le sable, alors…
Passons sur Cat Power, qui a viré complètement soul, le premier morceau m’a touché, le reste m’a gonflé.
Heureusement, je pars voir Comets On Fire et leur rock psychédélique, noisy et complètement bordélique. Un abrutissement de joviale confusion me saisit. Jouissif, bourré de saturations dantesques, de solos de guitare entremêlés, ça fait des bulles et des spirales dans vos oreilles, ça fait penser à un vomi psyché, j’adore. A voir pour le croire.
Connaissant l’ennui que me fait ressentir n’importe quelle prestation de Massive Attack, je cours de nouveau à la Plage, danser comme un débile avec plein d’autres furieux sur Galactic, infernale machine fusionnant hip-hop à l’ancienne et funk, avec de vrais musiciens à l’intérieur (nooooooon, ça existe encore ?).
Sinon, j’ai vu assez de dEUS pour savoir que le groupe que j’aimais sur les deux premiers albums (bon, d’accord, les trois premiers) n’est plus. Sauf, justement, quand ils rejouent ces vieux morceaux où la magie opère. Mais je m’y attendais. Faisons une manif pour le retour au bercail divin de Stef Kamil Carlens !
Genghis Tron ne m’accroche toujours pas, pourtant j’aime la musique qui envoie du pâté de chien enragé, mais non, le groupe me laisse toujours cette impression plastique. En plus, je me fais chourer ma bouteille de Ricard et mes jetons boisson. Rien de tel pour mettre en colère un festivalier. Du coup, je me mets à fendre la foule un peu trop efficacement et deux agents de sécurité me collent le train. Je finirai par m’en débarrasser et me calmer. Et manger un autre sandwich. Comme disent les grands seigneurs, quand tu picoles sec, faut s’en mettre dans le cornet, sinon, tu tombes. C’est un scoop.
Il est plus d’une heure du matin, Ben Harper joue sur la grande scène et j’ai mieux à faire.
Je m’installe sous le chapiteau pour attendre Gossip. Bah, ce fut rock’n’roll ! On y trouve quelques accents soul/funk plutôt que disco/punk comme annoncé sur le programme.
Mais c’est pas assez vulgaire pour être qualifié de disco et c’est pas du punk, faut pas pousser, merde ! Les Gossip ont la chance d’avoir en leur sein une chanteuse incroyablement pêchue à la voix absolument, euh, parfaite ? Très soul, en tous cas, oui, maîtrisée, même lors de ses multiples périples dans le public. En plus, ils ont tous l’air sympas, les Gossip…
Et je m’arrête là dans mon absorption massive de live energy. Un tour au bar du village pro pour en boire un avec notre photographe et je me tape mes 9 kilomètres de marche à pieds pour retrouver sweet home Redrop. |