Réalisé par Andy et Larry Wachowski. USA. 2008. Avec : Emilie Hirsch, Christina Ricci, John Goodman.
Speed Racer est le nouveau film des frères Wachowsky, réalisateurs de Matrix.
Après avoir créé un tel mythe cinématographique, il y avait une réelle attente d’un nouveau film qui ne soit pas une suite.
Ce duo de réalisateurs allait-il se confirmer comme des auteurs, et faire renaître l’intérêt de Bound, leur premier long métrage, ou bien allait-il se confirmer comme de simples faiseurs de films à grand spectacle ?
Speed Racer oscille entre les deux, pour le meilleur surtout, mais avec également certains côtés trop appuyés, parfois jusqu’au kitch. En effet, le film n’est pas réaliste, et ne cherche pas à l’être. Le style visuel comme dans Matrix est une attraction grand public pour raconter une histoire plus contrastée.
Le scénario de Matrix premier du nom était alambiqué, complexe, voire opaque ; mais sans véritable originalité de fond. Mais Matrix, dans la symbiose du fond et de la forme, était presque parfait, en phase avec son discours, et universel. Si ce film sortait aujourd’hui, il serait à quelques effets visuels près le même film, avec les mêmes intentions, et la même réalisation.
Speed Racer, au même titre, est visuellement surprenant ; parfois tellement composite qu’il en devient hors du temps. Comme Pleasentville, l’imagerie volontairement décalée met le film dans un flottement intemporel étrange qui, finalement, lorsqu’on l’accepte en tant que spectateur, fonctionne à merveille et nous conduit à suivre ce script pourtant basique. Car Speed Racer repose sur un scénario plat : une histoire familiale, de fraternité, de vengeance, de morale et de justice... Un western en somme, comme Matrix, et comme Bound.
La maîtrise visuelle est manifeste, et le choix des effets de transition très particulier prouve la pensée globale que les réalisateurs ont de leur oeuvre : de tels effets doivent être story-boardés, imaginés à l’écriture pour être viables au montage.
Mais ces choix artistiques radicaux (dans la période actuelle du cinéma hollywoodien) basculent parfois du côté boule à facettes, et donnent un aspect Charlie et La Chocolaterie inattendu à ce film. Les frères Wachowsky continuent donc de développer des univers visuels différents, hors limites, sur des scénarios manichéens mais transcandés par la symbiose entre le fond et la forme.
Néanmoins, d’un point de vue de style et d’ambiance, un vaste fossé sépare Bound, Matrix, et Speed Racer. Ce qui déclenche un questionnement intéressant : à quoi ressemblera le prochain film ?
On sait à quoi ressemblera le prochain Spielberg, le prochain Pialat, mais pas le prochain Wachowsky. On sait néanmoins qu’ils savent faire des films pop corn, au service d’un scénario, qu’il soit ambitieux, ou bien basique.
Un film qui manque donc de subtilité, mais qui reste efficace, et comme chaque film des deux réalisateurs, qui sait être séduisant et capter l’attention. |