Spectacle écrit et interprété par Delphine Orléach dans une mise en scène de Julien Lubek.
Un paravent, des costumes fait de bric et de broc et une comédienne, physionomie et voix protéiformes, qui raconte l'histoire d'une petite fille, prénommée Sheila, qui, cloitrée dans la chaufferie, joue du ciseau, d'abord sur son chien souffre douleur, puis sur sa mère alcoolique qui l'élève dans le ressassement de sa maternité non désirée, résultat d'une nuit de bamboche, ce qui entraîne son placement dans un institut médico-éducatif.
Avec "Des hématomes dans la chaufferie", titre inspiré à double sens, Delphine Orléach a conçu un spectacle atypique, inattendu et particulièrement réussi, un monologue à plusieurs voix qui plonge de manière burlesque, par le regard d'une enfant, dans les dérives mentales d'une humanité subissant le dérèglement sociétal : à l'exception du chien, seul rescapé qui a trouvé son paradis à la SPA, nous sommes tous des psychotiques. Et parfois, il ne faut pas chercher bien loin.
Cette création sur l'enfance et le borderline, à la fois poignante et roborative, ce qui n'est pas, en l'occurrence, antinomique, dans la mesure où il ne s'agit pas d'un spectacle qui fait du Zola, ni d'un lamento mortifère, puisqu'y souffle une immense énergie vitale, et surtout un incroyable amour de l'autre, qui laissent croire que tout n'est jamais irréversible, évoque les contrées psychiques explorées par Zouc, humoriste suisse qui connu la notoriété dans les années 70.
Comme disait Raymond Devos, phrase que Delphine Orléach cite en exergue de sa note d'intention, "du moment qu'on rit des choses elles ne sont plus dangereuses". Car ses personnages-créatures font rire aussi, d'un rire archaïque et cathartique. Pour changer, peut être également, notre regard. |