Comédie de Michel Heim, mise en scène de Jean-Pierre Rouvellat, avec Laurent Plessi, Michel Heim, Vincent Baillet, Régis Herbuveaux, Franck Isoart et Jean-François Dewulf.
Michel Heim a brodé au point de croix dont il a le secret une comédie parodico-satirique intitulée "L’Opération du Saint Esprit", qu’il qualifie de "comédie leste et céleste", dans laquelle il laisse libre cours à la plume féconde et inspirée qu’on lui connait. Il suffit de citer "La nuit des Reines" ou les gay comédies musicales de la "Compagnie des Caramels fous pour situer son registre de prédilection et son sens du détournement iconoclaste.
Mais revenons à nos brebis, ou plutôt à notre pasteur. Michel Heim propose donc au public de monter au ciel, au sens figuré, et ce qui s’y passe est édifiant : c’est là-bas presque comme sur terre et souvent en beaucoup plus cocasse !
Il est des matins où tout se ligue pour vous pourrir la vie et Dieu, qui tient tant à ce que sa volonté soit faite, s’est levé d’un pied chagrin. Vu par Michel Heim, le bon Dieu sur son piédestal céleste est plutôt branché : il trône sur des meubles Starck même s’il ne s’habille pas en Prada. Et puis, il vient de changer de look. Il a rasé sa barbe ancestrale et, abandonné la toge antique, semblant débarquer tout droit d’un asrham dont il serait le gourou. Et les problèmes commencent. Car le paradis n’est pas un long fleuve tranquille.
Son fidèle Saint Pierre, accro à la dive bouteille, apporte de bien mauvaises nouvelles de l’audience catholique qui se traduit en d’alarmantes perte de parts de marché, le sempiternel chant des anges à la voix de falsetto exaspère les oreilles de la Sainte famille et l’ennui mortel qui y règne inspire des velléités d’émigration terrestre à la bienheureuse et candide Sainte Vierge et à Jésus, qui bon sang ne saurait mentir, devenu également glabre, découvre la beat génération et rêve de devenir Jésus Christ superstar.
Voilà de quoi occuper un petit moment d’éternité et qui ne peut se dénouer sans l’unanimité trinitaire. Or le Saint Esprit est hospitalisé, à l‘Hôtel Dieu, cela va de soi, après avoir été canardé en plein vol au dessus de l’Irak où il se prenait encore pour la colombe au rameau d’olivier.
Sous la houlette de Jean-Pierre Rouvellat, Michel Heim, Dieu savoureux qui n’a pas sa langue dans sa poche, ni peur des auto-jurons, entouré de ses complices, tous désopilants, de la Compagnie Les Emplumés, Laurent Plessi, Vincent Baillet, Régis Hurveveaux, Jean-François Dewulff et Franck Isoart, nous délivre une heure de gaité folle et de rires totalement roboratifs.
Une manière drolissime, et diablement piquante, d‘aborder des questions aussi fondamentales que le sexe des anges, la virginité de Marie, la chasteté christique et les liens janusiens entre Satan et Dieu. Et comme ce dernier pratique le pardon des offenses, il pardonnera bien d’avoir tant ri de lui ! |