Ce soir à Indétendances, la part belle sera faite à la musique éthérée, douce mais pourtant tourmentée, à la douceur apparente et au bouillonnement intérieur. Idéalement, cette soirée aurait dû se dérouler sous une pluie battante et sous un ciel de plomb pour accueillir dans les meilleurs conditions les ambiances douce amère proposées par les trois groupes présents ce soir.
D’ailleurs saluons au passage non seulement la qualité et l’éclectisme de la programmation mais également la judicieuse façon dont les groupes sont programmés chaque soir, offrant à chaque fois un thème à la soirée basé comme ce soir sur la couleur musicale, mais aussi sur le genre, ou encore comme pour le plateau du 9 août sur la découverte de groupes très jeunes.
Bref, revenons au plateau de ce vendredi avec B R OAD WAY qui aura la lourde tâche d’ouvrir la soirée qui commence à 18h devant un public, pour l’instant, assez peu nombreux mais qui arrivera finalement en masse assez vite (il faut bien le temps de quitter le bureau).
Lourde tâche à double titre d’ailleurs car, non seulement les ambiances sonores de B R OAD WAY se marient plus aisément avec les lumières douces d’un club plutôt qu’avec le soleil qui, finalement, s’est invité à la fête après un orage de pluie une heure plus tôt, mais aussi parce que ce soir, le groupe devra faire sans ses projections vidéos qui font pourtant partie intégrante du spectacle.
Mais comme me l’expliquait VJ Raize qui, habituellement, a en charge ces projections, il aurait fallu pour ce faire un projecteur d’une puissance impressionnante, dû au fait que le concert était en plein jour et en plein été.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les B R OAD WAY arrivent sur scène avec un plaisir visible et une bonne humeur évidente, à en croire les regards et les sourires complices entre les membres du groupe.
Pas facile, cependant, de convaincre le public cueilli à froid par les ambiances tendues du magnifique "Caution Wet Floor" ou "Stop Motion". Néanmoins, force est de reconnaitre que les chansons de ce groupe stéphanois sont fortes et belles, mais pas toujours adaptées en festival de plein air (et en tout cas, pas de plein jour).
Reste le sentiment que le groupe est de plus en plus cohérent sur scène et que la puissance qui se dégage de leur prestation n’attend que le lieu ad hoc pour se libérer. Un groupe majeur de l’électro rock français, dans la lignée des allemands de The Notwist. A suivre de très près, comme d’ailleurs nous le faisons depuis longtemps avec ce groupe qui fait partie, ne le cachons pas, de nos petits chouchous.
Il fait toujours beau lorsque les Islandais de Bang Gang montent sur scène. Plus que jamais, ce groupe et ses chansons mélancoliques auraient nécessité la nuit et le brouillard pour donner au concert une dimension plus noire.
Le groupe mené par Bardi Johannson arrive donc sur scène pour présenter son tout nouvel album Ghosts from the past. De sa voix douce, accompagnée de son guitariste qui malheureusement aura un peu plus de mal à rester juste dans ses interprétations, Johannson livrera au public quelques uns de ses titres phares dans un registre qui oscille toujours entre le shoegazing de Slowdive et la pop aventureueuse de Radiohead, sans oublier, Islande oblige, la douceur mélancolique de leur compatriotes de Sigur Rós.
Un concert néanmoins en demie teinte, tant le groupe aura du mal à communiquer avec le public.
Pourtant, Bardi Johannson redoublera d’effort et d’humour pour placer ses quelques mots de français ("quels sont les meilleurs gros mots français ?", "on va foutre le bordel normal, et après on foutra le bordel à poil, d’accord ?"). Mais le public reste froid, peut-être parce qu’il a du mal à comprendre, ou peut-être parce qu’il n’arrive pas à entrer dans le jeu du chanteur.
Dommage car les compositions de Bang Gang valent le détour et méritent que l’on tende l’oreille. Ceci dit, comme ce fut le cas pour B R OAD WAY, le public se réveille un peu dès lors que les décibels augmentent et que le groupe propose des titres plus puissants (et pourtant plus sombres). Alors l’ambiance monte dans le public, demandeur de BPM pour fêter comme il se doit l’été qui est toujours le bienvenu, à Paris comme en Islande. En tout cas, Bang Gang sera aussi toujours le bienvenu chez nous pour nous offrir encore ces mélodies à haute teneur en émotion, à découvrir sur disque en attendant la tournée prochaine, sans doute à la rentrée.
Ce sera, Martina Topley-Bird qui terminera la soirée, venue présenter elle aussi un album récemment sorti, The Blue God. Martina Topley Bird n’est pas une nouvelle venue puisqu’elle a non seulement déjà un album à son actif mais elle a aussi collaboré avec d’autres artistes et notamment Tricky sur le célèbre Maximquaye.
Difficile de définir la musique de Martina Topley-Bird tant son album est varié. On la classerait volontiers dans le trip hop à cause de son passé mais il faut bien se rendre à l’évidence, la dame s’essaie à tout et on la trouvera autant du coté de la pop que du trip hop et sa voix superbe nous entraine souvent dans les arcanes de la soul musique.
La formation du groupe est pour le moins simplissime, Martina officiera aux claviers, guitare et chant, tandis qu’un musicien plein d’humour jouera de la batterie, de la guitare et surtout d’un tas d’instruments aussi exotiques qu’amusants (cymbale en spirale, sifflet imitant un train à vapeur, tiges souples qu’il fait tourner dans les airs et qui émettent un vrombissement surprenant, etc).
Cette prestation sera visiblement très ludique, sur scène comme dans le public tant Martina Topley-Bird semble détendue, rieuse et communique avec une facilité non feinte avec le public. On se sent rapidement comme chez soi. Pendant une petite heure, elle égrainera son répertoire, faisant bien sur la part belle à son tout nouvel album ("Carnies", "Valentine", "Da da da da" sur lequel elle fait participer le public…). Un joli moment, une jolie dame, de jolis cheveux, un charmant musicien, une belle soirée, encore une fois.
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