Wendy Mc Neill - Scène B
Un concert transportant. La charmante et pimpante Wendy, sorte de réminescence des années 50 en robe noir à petit pois blanc, fait preuve de présence et d’un charme non dissimulé, enchainant jolies ritournelles, actuelles ou passées, dont une reprise de Piaf.
On s’échappe dans la période fantasmée d’après-guerre pendant les quelques 45 minutes d’un beau et romantique récital toute en voix.
Chrome Hoof - Scène A
Un grand moquage de bouche-sauce n’importe quoi qui n’a trompé personne, sauf peut-être affolé les RG en mal de sectes apocalyptiques.
Du rock néo-disco passable et une prestation scénique à mourir de rire, tant la caricature de la prêtresse-chanteuse édentée fait bondir !
Heureusement, la chaleur et les liquides proposés ont œuvré pour faire passer la pilule dans la joie et la marrade. 5 minutes m’ont personnellement suffi. Allez, à jamais, Chrome Oufs, le beau costume-boule à facettes ne suffira pas !
Get Well Soon - Papamobile
La mélancolie est d’or, suggérée autant que chantée par Konstantin Gropper, le leader brun ténébreux du groupe à la mèche tombante sur le visage glabre.
En proie à une tristesse clinique et un questionnement existentiel permanent, Get Well Soon nous annonce d’ores et déjà que l’automne, ses feuilles mortes et son soleil déclinant ne sont pas loin. Pour les amateurs du genre, le spleen cathartique est au rendez-vous et comme le rappelle le nom du groupe ("bon rétablissement"), il n’est pas sensé durer plus longtemps que cette prestation scénique belle et questionnante.
Blood Red Shoes - Scène B
Concert pris en cours, j’assiste avec mes camarades festivaliers à un set correct mais sans plus d’éclat que les quelques titres rocks convenablement léchés et énergiques.
"Manque quelque chose", me dis-je alors. Est-ce l’occupation de la "grande" scène B qui pêche, avec sa petite guitariste en plein milieu et son batteur rangé sur la droite ?
Est-ce la guitariste elle-même, toute mimi, version en très brune d’Avril Lavigne, cachée derrière ses cheveux, qui n’en impose que trop peu pour assumer le son électrisant de sa guitare et le déchainement de son batteur ?
Au final, j’ai l’impression d’avoir assisté à une bonne répèt’ de garage, pas un concert. Tout cela au détriment du talent potentiel de ce jeune groupe qui n’a peut-être pas su bien se vendre… A suivre.
Hushpuppies - Scène A
Wow ! Voilà un groupe qui dépote, qui assure, qui prend ses responsabilités de rock’n’roll band sur scène ! Sitôt le précédent concert terminé, je me rue dans la foule épaisse, et en connaisseur (j’avoue, je suis totalement fan !), pour assister aux premiers lignes d’orgue dévastatrices du "Lost Organ" de nos "sul-furieux" perpignanais.
Le public part instantanément en vrille joyeuse sur le "come baaaabeeee, here I coooome !", et le chanteur Olivier Jourdan d’en rajouter en invectivant les fans ou profanes dans un slam devenu géant.
La fosse est déchainée mais n’a guère le temps de se raviser. Les 5 trublions smarts, cools et décalés (la magnifique fouine empaillée sur l’orgue, d’une élégance rare…) alternent morceaux énergiques jubilatoires et titres plus intimistes et sombres tels "Harmonium". Les deux albums y passent, dont l’hymnesque "You gonna say yeah !".
Le concert, mené de mains de maître de bout en bout, s’achève sur un slam du bel Olivier qui, porté par la foule dans son ensemble blanc, reçoit les honneurs d’un public conquis. En quittant le place, j’entends des "c’est cool, je l’ai touché !" de midinettes, mais je ne suis pas en reste. Les Hushpuppies, j’adore et j’en redemande encore et encore !
Yeasayer - Scène B
Un clavier, une guitare, une batterie compose ce groupe américain à l’éclectisme savoureux.
Mêlant beat electro, beau folk paysager et chant qui n’est pas sans rappeler Simon and Garfunkel parfois, le trio nous emporte à travers un paysage musical très original et planant.
Eclectisme aussi sur scène : nous avons devant nous un chanteur-clavier au look intello associé à un type tout droit sorti d’un épisode de "Shériff, fais-moi peur", vieilles moustaches et bacchantes, chemise à carreaux roots, hippie négligé !
Tantôt tribale et puissante, la mélodie se fait aussi plus space rock.
Les trois compères n’ont pas peur de chanter et de mettre leur émotion à nu, le résultat final est surprenant, plaisant et donne envie d’aller réécouter leur album All Hour Cymbals.
Envy - Papamobile
Saut rapide pour aller tendre l’oreille (armée d’une bonne boule Quiès, quand même !) et voir l’étonnante formation Envy sur la plus petite scène du festival. "Petite mais costaude", oserai-je, car la sombre formation japonaise est là pour envoyer des décibels et nous la jouer sans concession, noisy, saturée. Ceux et celes qui connaissent l’excellent groupe de post-rock Mono s’y retrouve très vite, avec la voix en plus.
Parlons de la voix : je comprends à présent pourquoi certains critiques ont surnommé Tetsu Fukagawa "le japonais jappant". Incapable, malgré mon oreille de linguiste, de discerner une quelconque langue dans le phrasé du chanteur, j’ai pourtant pris plaisir à voir hurler l’olibrius dans son micro (paix à son âme). Après tout, l’essentiel dans la musique comme dans toute forme d’art n’est pas de tout comprendre, mais de vibrer…
Camille - Scène A
Adulée, attendue, elle n’a pas déçu. Camille a su mettre de la joie dans les cœurs des voyageurs de passage en donnant le meilleur d’elle-même, qui se révèle être parfois le pire.
Moi qui ne suis pas particulièrement fan de son univers et de sa musique, je me suis amusé à la voir nous prendre à contre-pied, emmenant ses chœurs et ses joyeux musiciens au pays du cabaret déjanté, de l’émotion jubilatoire et de la vulgarité assumée.
Le "salope !" d’un public dévergondé, récupéré par la femme en orange et repris en boucle par les chanteurs pour habiller un des titres reste mémorable !
Camille a donné jusqu’au bout de sa personne dans un grand vent d’espièglerie et d’insolence en revenant, pour le rappel, vêtue d’une robe noir qui, quand elle se retourna vers ses musiciens pour feindre la communion musicale, laissa apparaître une partie de ses fesses dans une échancrure vertigineuse. Bref, un show barré autant qu’une bonne tranche musicale. So good !
The Do - Scène A
Autres personnages attendus, les franco-finlandais de The Do et leur son folk fantaisiste éclectique.
J’avoue ne pas avoir gardé un grand souvenir de ce concert pourtant très bon. Peut-être me savais-je les revoir plus tard dans le courant de l’été, j‘aurais donc prêté une oreille distraite…
Olivia accapare littéralement la scène (bon OK, je suis un homme aussi…) : pleine de peps, fort jolie et chante divinement bien, de sa voix rêveuse de Belle aux bois dormants insouciante qui virevolte ça et là, dans l’électricité de la nuit ébroïcienne.
Le band ravit Evreux, avec son set bigarré, armé d’une batterie aux ustensiles que le tout Paris des grands chefs cuisiniers leur envient !
Foals - Scène B
Les jeunes "poulains" ont déchainé les foules lors d’un set puissamment orchestré par des guitares sauteuses et une rythmique diablesque.
La synergie opère de façon flagrante et les festivaliers ont tôt fait de sauter et slammer sur "Cassisus", emmené par les 3 guitaristes made in England qui, régulièrement, viennent se réunir au centre de la scène pour célébrer la tension rock de leur répertoire. Loved it !
Gossip - Scène A
"Gossip, c’est génial à voir live !". Partant avec cette phrase en tête, délivrée par une amie connaisseuse, je m’engouffre dans l’épaisse foule pour assister à un show bluffant, emmené de main de maîtresse par la sulfureuse Beth Ditto et son coffre extra large !
Beth se lâche et sa voix soul explosive retentit dans Evreux comme un appel à la sueur rock’rollesque et défoulatoire. Seule petite minute dommageable du set, l’incident de micro qui nous a privé de sa voix fabuleuse.
Ultime funky coup d’éclat, la fantasque chanteuse descend la scène en rappel (les commentaires vont alors bon train… remarquez, justifié, vu le nom du groupe…), disparait dans la fosse-photographes quelques minutes pour hurler ses textes à ses fans et chauffer les festivaliers à blanc. We want more, Gossip !
I’m From Barcelona - Scène B (concert surprise)
Non. Voilà qui coupe les pattes après un "Gossip flamboyant". Je me retrouve à bonne distance de la scène B pour "découvrir" (déjà au parfum) le big band suédois qui joue alors la partition "joyeux anniversaire, festival d’Evreux !" pour le bonheur de tous, sauf moi, en tout cas, qui vais passer le concert à attendre les excellents DJ sets de fin de nuit sur la Papamobile.
Certes, c’est bon enfant, tout le monde est gentil avec IMFB et on s’amuse comme des gosses des énormes ballons et confetti propulsés par les canons et emportés par l’agréable brise nocturne. Jolie scénographie.
Musicalement, je m’ennuie. C’est pop à outrance, accompagnée des chœurs qui hurlent des trucs guillerets et sur scène, c’est le bazar complet avec la vingtaine de personnes gesticulant des titres creux. Le tout "bons sentiments", ce n’est décidément pas mon truc. Mais pourquoi pas. Pas pour moi. Mais après tout, c’est un festival, et il en faut pour tous les goûts et les humeurs… |