Thrice aurait tout à fait pu passer aussi inaperçu que n'importe quel autre groupe de rock métal américain, quasi innombrables, s'ils n'avaient fait montre d'un certain penchant militant à tendance écolo.
Si leur discours n'est pas nouveau, il faut néanmoins reconnaitre que la démarche initiée l'an dernier par le groupe est originale et intéressante. L'idée de départ étant de faire quatre albums rendant hommage aux éléments avec un grand "E". Ce quadriptyque sonore débuta par le feu et l'eau, en 2007, puis au printemps dernier sortait les deux autres volume de ce Alchemy Index intitulé logiquement Air & Earth.
Hommage à la planète en danger, encore un certes, mais celui-ci a la particularité de proposer pour chaque élément évoqué une ambiance sonore adaptée. Ambition de comptoir, penserez-vous, que de vouloir se lancer dans un opéra rock à la gloire de notre terre. Certes, tout le monde n'est pas le Pink Floyd et heureusement, mais loin d'être agaçant et moraliste, cet exercice de style est musicalement assez plaisant et surtout bien loin d'un rock de métaleux parfumés à la bière.
Car si la puissance dévastatrice du feu ne fait pas dans la demi-mesure, l'eau propose des mélodies plus douces presque planantes.
Thrice, avec ce projet, a su négocier un intéressant virage, laissant derrière eux préjugés et décibels et ce choix se confirme et s'avère judicieux puisqu'avec ces Volumes III & IV, le groupe prend plus que jamais ses distances avec le métal, malgré quelques tics dans les arrangements comme sur "Daedalus", 6 minutes pendant lesquelles le chanteur se laisse aller à trop de maniérisme vocal porté par des guitares un rien trop vulgaires.
Ce faux pas mis à part, ce disque, car bien que séparés en 4 volumes et si le premier disque était bien un double album, celui-ci ne comporte en tout et pour tout seulement 12 titres sur un seul cd, ce disque donc tient plus d'un songwriting typiquement folk que d'une folle épopée façon road movie tape à l'oeil.
La voix doucement éraillée d'avoir trop hurlé a son charme et les guitares acoustiques, pianos et percussions légères font le reste.
Thrice, avec ce quadruple album, montre si besoin était que rock dur ne signifie pas un manque de talent, ni de sensibilité. Ce Volume III & IV est une vraie réussite, encore plus abouti que les deux premiers volumes. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de vous procurer les deux (enfin les quatre, mais sur deux albums au total, vous me suivez ?) et de les écouter, au gré de vos envies et de vos états d’âme. |