A l'occasion de la sortie du dernier album de Ryunosuke, nous avons rencontré Vincent Liden, chanteur et guitariste de Mud Flow.
Le titre de l’album est inspiré de l’auteur japonais Ryūnosuke Akutagawa, en quoi t’a-t-il inspiré ?
Vincent Liben : C’est un hasard, je n’avais jamais rien lu de lui. Au moment où j’ai écrit la chanson (ndlr : "Ryonosuke" !), j’avais envie de sonorités japonaises. J’ai donc fait des recherches sur internet où j’ai trouvé des poèmes et des textes en japonais. J’en ai pris un, et je l’ai mis en sample. Ensuite, j’ai demandé à une amie japonaise de le lire sur la version album, et je lui ai demandé de me traduire ces textes. Je ne pensais pas que c’était si noir. Le passage en question décrit le viol d’une femme sous les yeux de son mari. Cela n’allait pas du tout avec le premier thème de la chanson, du coup, j’ai réécrit la chanson après avoir lu cet auteur. Ce n’était pas recherché à la base, le texte aurait pu être aussi une bonne blague en japonais !
Pour la chanson "Trampoline", vous avez travaillé avec deux fanfares différentes, tu peux nous raconter comment ça s’est passé ?
Vincent Liben : J’avais envie d’une fanfare pour ce morceau, et je me suis dit que ce serait chouette d’essayer un truc : faire écrire le morceau par deux fanfares, chacune de leur côté, ceci sur la base des accords. Ensuite, on a mis les deux en même temps. On savait que ça allait marcher ; on a testé, et ça a bien marché. Cette chanson parle d’un homme qui observe le monde d’un arbre.
Comment composez-vous vos morceaux ?
Vincent Liben : En général, j’écris de mon côté et j’enregistre les morceaux sur mon ordinateur, j’y mets les arrangements minimaux pour que ça ne soit pas trop dirigé et puis après, si les autres membres du groupe aiment bien, on travaille le morceau ensemble, on essaie d’autres couleurs. Je fais ça comme ça parce qu’auparavant, je venais avec ma guitare et je fredonnais les morceaux. C’était plus difficile pour les autres de bien entendre. Donc, j’enregistre les morceaux pour qu’ils se fassent une idée.
C’est toujours toi qui composes ?
Vincent Liben : Oui, c’est la seule chose que je fais vraiment bien ! Je ne joue pas très bien de la guitare.
Quoi ? Tu n’es donc pas le Jimmy Hendrix Belge ?
Vincent Liben : Non, c’est clair… je me suis fait une raison.
Est-ce que tu as une théorie concernant la richesse de la scène musicale belge ? Je pense à Deus, Ginzhu, vous, entre autres…
Vincent Liben : Oui, je crois que vous êtes complexés, parce qu’il y a plein de bons groupes français. Par exemple, Syd Matters, Sébastien Tellier, A.S. Dragon, plein de bons groupes. Sinon, on vient de participer à un documentaire français sur la scène rock Belge. On nous a posé la même question. Nous, on l’impression qu’il n’y a pas grand-chose. Cette notion n’existe pas en plus, en Belgique, tout est centralisé sur les villes, Anvers est la capitale d’Anvers, Gand, la capitale de Gand, etc. En plus, on a plusieurs langues, nous on a des flamands et des wallons, ça s’est fait au fil des rencontres à Bruxelles et à Gand.
Pourquoi avoir pris un pianiste sur cet album ?
Vincent Liben : En fait, sur A Life On Standby, il y avait déjà du piano, mais en tournée, on jouait avec des samples, quand on était mieux payé, on rajoutait un claviériste sur scène. Et puis pour Ryonosuke, on s’est dit qu’on allait prendre un pianiste. On quitte doucement le rock pour aller vers quelque chose de plus acoustique, folk… mais doucement ! C’est un instrument magnifique.
Donc, vous prenez une nouvelle orientation musicale ?
Vincent Liben : Cet album marque une transition. Par exemple avec les fanfares. On essaie de nouvelles choses. Le format pop-rock, on commence à en avoir marre. C’est sûrement lié au fait que ça fait dix ans qu’on fait ça. Au bout d’un moment, tu tournes en rond. Et puis je trouve que quand tu as vingt ans, tu fais mieux ! Sauf quand cette démarche tient du concept, comme Ginzhu, ils y vont à fond ! Là, ça devient inattaquable.
Je trouve l’album assez triste, qu’est-ce que tu en penses ?
Vincent Liben : Il est quand même beaucoup moins mélancolique que le précédent. Moi, j’étais persuadé d’avoir fait un album "fun". C’est vrai que Ryonosuke est plus dans l’esprit du précédent. Mais on est plutôt des joyeux lurons. On s’est beaucoup amusé en enregistrant l’album. Et puis, il y a des chansons plutôt gaies comme In Time et Monkey Doll.
Justement, Monkey Doll va être le premier single extrait de l’album ?
Vincent Liben : Oui, on a fait aussi le clip qui, d’ailleurs, a été tourné à Paris !
La question piège : as-tu une chanson préférée dans cet album ?
Vincent Liben : J’aime bien Ryonosuke, c’est ma favorite. J’aime aussi Monkey Doll, elle a un côté évident, un peu Beatles, elle me mettait de bonne humeur, je me souviens. Aussi Shooting Star. On avait bien rigolé en l’enregistrant. On était en live dans le studio, et on avait bu plein de bières, et le pianiste avait mis sa capuche, et il ratait tous ses accords. On a dû recommencer plein de fois, on était morts de rire.
Vous avez enregistré cet album en combien de temps ?
Vincent Liben : Le bassiste a été fort malade, alors on a dû enregistrer la batterie seule, sans lui. En général, tu enregistres les deux ensemble. Cela a pris à peu près un mois pour enregistrer, mixes compris.
Alors, une tournée en France ?
Vincent Liben : Oui, j’espère, je pense en novembre, décembre, théoriquement. L’album est déjà sorti en Belgique, et j’ai fini d’écrire les chansons du suivant. Pour celui-ci, la sortie sera simultanée, prévue pour l’été prochain. Cet album amorcera vraiment notre transformation.
On se revoit donc l’année prochaine, donc ?
Vincent Liben : Oui, si tout va bien ! |