Après une absence prolongée, la sombre diva nous prouve qu’elle n’a pas chômé, puisque ce n’est pas un album qui sort, mais deux double CD simultanément. Chapeau bas !

Avant de nous intéresser, dans une autre chronique, à "Defixiones, Will & Testament", nous allons passer en revu ce bien nommé "La Serpenta Canta". Ce disque, entièrement enregistré live, déconcertera plus d’un fan de la diablesse.

Le registre biblique habituel de Diamanda Galàs se trouve ici métamorphosé en un hommage à la musique noire américaine. En effet, la cantatrice a adapté tous les classiques du Blues à sa sauce, c'est-à-dire piano + son timbre de voix hors du commun. Tous les maîtres sont ainsi passés en revue, de John Lee Hooker à l’excellent Screamin’ Jay Hawkins, rien ne sera épargné à l’auditeur.

Au final, seule une composition de la diva trouve sa place sur le disque, un "Baby’s Insane" parfaitement exécuté. Le jeu de piano accompagne de manière délicate les vocaux de Miss Galàs, tout en influant incontestablement sur l’ambiance générale. On a l’impression de traverser toutes les époques des cabarets sudistes américains aux jazz-bars enfumés composant les ghettos de Harlem.

Les fausses notes sont rares, et c’est avec un contrôle quasi-inhumain que la belle applique ses vocalises sur la musique, tel un voile à peine transparent, par lequel le prisme musical tente de percer. Les temps morts sont pratiquement inexistants, et c’est avec une joie non dissimulée qu’on retrouve une reprise quasi-parfaite du désormais célèbre "I Put A Spell On You" du grandiose Screamin’ Jay Hawkins. Diamanda Galàs arrive même à donner encore plus de folie au titre, un comble lorsqu’on connaît l’original…

La Serpenta Canta nous prouve son génie une fois de plus, et finit une fois encore par nous mettre à ses pieds…