Si, ces derniers temps, vous avez su correctement tendre l’oreille musicale qui est la vôtre, un constat a dû s’imposer à vous. Le folk a le vent en poupe et zéro plomb dans l’aile. Voire même, le folk serait à l’origine des dernières réelles réjouissances auditives.
Pour preuve, quelques exemples bien sentis : Bon Iver et son folk thérapeutique, Phosphorescent et son folk épuré/samplé, Fleet Foxes et leur folk médiéval, The Dodos et leur folk animalcollectivien… et tant d’autres bombe-de-bal-de-groupes encore, que je ne vais volontairement pas citer parce que ce serait alors un autre article.
Hop retour moutons.
Broadcast 2000, dont il est question aujourd’hui, ne fait donc pas exception à la règle et va même jusqu’à confirmer cette loi des séries avec son EP Building Blocks. Sept titres nous permettent de nous faire une idée assez précise du petit génie inspiré, multi-instrumentiste qu’est Joe Steer. A 26 ans, le jeune anglais peut se targuer d’avoir réalisé ce mini album en total DIY (comprendre "c’est moi qui l’ai fait tout seul"). Le jeune fortiche a écrit, composé, interprété, enregistré et mixé (tant qu’à faire) le tout, tout seul dans la chambre de son appart/studio du nord de Londres.
Les artistes réellement talentueux font souvent preuve d’une profonde modestie qui peut alors aller jusqu’à les faire douter d’eux-mêmes. Ça a été le cas pour Joe. En effet, celui-ci ne se considérant pas en tant que chanteur, souhaitait déléguer cette tache cruciale à on ne sait quel tripoteur de cordes vocales. Heureusement pour nous, Joe, à défaut de lucidité, a de bonnes oreilles, puisqu’à l’écoute du résultat final (a priori pas si horrible que ça), il prit la sage décision de laisser les choses ainsi.
Et effectivement, Building Blocks n’aurait probablement pas ce supplément d’âme sans sa voix claire et apaisante, subtilement travaillée en couches. Celles-ci s’allongeant délicatement sur un lit d’instruments divers et variés comme le violoncelle, la contrebasse, la guitare, le ukulélé, le glockenspiel, le banjo et les percussions.
Probablement dus à ces arrangements si denses et pourtant si fins, certains ont rapproché Joe Steer d’autres artistes tels que Beirut, Sufjan Stevens ou encore Mystery Jets. Disons que tout ceci n’est pas faux, même si les compositions sont parfois plus linaires que celles des artistes pré-cités. Elles n’en restent pas moins touchantes et absolument ravissantes.
"Run", titre d’ouverture, sonne comme une valse tourbillonnante, "Don’t Weigh Me Down" nous entraine, tout sourire, en ballade à travers les champs. Le mélancolique "Get Up And Go" joue avec les changements de rythmes, "Everybody" un titre sautillant a l’enthousiasme contagieux.
Vous l’aurez compris, Building Blocks, est un formidable coup d’essai, ayant la capacité par ses mélodies délicieuses et intemporelles de faire apparaitre sur les visages des sensibles à la beauté, un sourire rempli de sérénité.
Broadcast 2000, alias Joe Steer se produira avec ses deux acolytes scéniques, Tom et Chris, à la Flêche d’Or, à Paris, le 6 octobre prochain. |