Après un album sorti il y a maintenant plus de 2 ans, Garden ruin, qui prenait le contrepied d'un Calexico que l'on croyait bien connaître en proposant des mélodies épurées (notamment de tout un decorum mariachi), un chant appliqué comme jamais révélant, si cela était encore nécessaire, que les américains de Tucson sont des songwriters hors pair avant d'être des amuseurs publics, John Convertino et Joe Burns reviennent donc avec ce nouveau disque qui est une synthèse parfaite du savoir faire de ce groupe décidément surprenant.
La force de Carried to dust, c'est d'apporter en l'espace de 15 titres tout ce qui fait que chacun aime Calexico.
A commencer par la batterie, parce que c'est ce qui nous salue à l'ouverture de l'album sur "Victor Jaras bands", grâce au jeu toujours aussi aérien et si personnel de John Convertino que l'on reconnaitrait entre mille.
Mais c'est aussi les mélodies si belles et mélancoliques de Burns dont la voix est de plus en plus touchante comme sur la ballade "The news about William", magnifique épure de l'univers du groupe.
Si les musiques de Calexico nous transportent toujours autant, comme la bande son d'un film parfait dont nous serions le héros, le voyage ne se cantonne plus, depuis Garden Ruin notamment, à l'Amérique latino.
On oublie même totalement le sud de l'Amérique avec le très rock "Writer's minor holliday", sorte de surf rock pixisant et ralenti.
On trouve aussi, comme sur Garden Ruin, des chansons plus noires et denses comme ce "Man made lake", élégante complainte qui rappelle nos Tue Loup nationaux.
Mais le groupe revient aussi à son pêché mignon, la musique à consonnance mexicaine avec trompettes et cordes à la fois joyeuses et plaintives, comme le duo très latino de "Inspiracion" mais aussi des tubes en puissance, plus fédérateurs, comme pouvaient l'être "Crystal Frontier" ou "El picador" par le passé.
C'est le cas de "El gatillo" que l'on devine déjà débordant d'enthousiasme et de puissance lors de leurs prochaines prestations live.
Sur la longueur de l'album, on reste néanmoins dans un registre proche de ce qui ressortait de Garden Ruin. Des morceaux plus denses, qui se développent lentement ("Bend in the road") plutôt que des tubes dansants trop évidents, remplis de trompettes ludiques.
Calexico a définitivement atteint une maturité et arrive à un moment important de sa carrière, devenant enfin, souhaitons-le, aussi respectables et reconnus qu'ils le méritent, comme l'ont bien compris une fois de plus les illustres invités qui hantent cet album, de Tortoise à Amparanoia en passant par les délicieux Iron & Wine.
Carried to dust, tout en rondeur et en délicatesse est encore une fois une pièce maîtresse dans la discographie de Calexico (voilà qui devient banal à dire au vu de la production du groupe dont la qualité ne fait que progresser), qui saura réconcilier les amoureux des fanfreluches mexicaines de The Black Light ou Hot Rail et les partisans du rock plus sombre de Garden Ruin dans une grande fête qui passera notamment par Paris, le 14 octobre 2008 !
En attendant, enfourchez votre sombrero et en route pour la poussière des grands déserts américains, en musique !
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