An Englishman in Paris.
Un Britannique exilé à Paris, ce n’est pas si fréquent. Alors que London reste la mecque et le nec pour la plupart des musiciens, ce british-là a décidé d’aller à contre sens et de venir s’installer chez nous pour faire son premier album solo, Stories From The Safe House. Rien que cela le rend forcément sympathique et flatte notre égo chauvin (même s’il faut avouer qu’il n’y a pas une once d’influence française dans ce disque !).
Originaire d’un village près de Bristol, Hugh Coltman n’est pas né de la dernière pluie et a été dans les années 90 chanteur de The Hoax, groupe clairement orienté blues. En près de 7 ans d’existence, le combo en a d’ailleurs profité pour sortir quatre albums, faire des concerts à travers les Etats-Unis, le Canada et l’Europe et assurer des premières parties de légendes du blues tel Buddy Guy. Rien de moins !
Mais, à l’aube du nouveau millénaire qui s’annonçait, le groupe s’est séparé.
Alors Hugh Coltman a pris le temps de la réflexion (près de huit ans !) pour se chercher musicalement et a fait remonter à la surface ses influences jazziques. Parisien d’adoption depuis quelques temps déjà, il s’est entouré de musiciens locaux (Thomas Naim à la guitare et Aurélien Calvel à la basse) pour monter son projet solo Stories From The Safe House, melting pot de ses influences.
Le bon ton est donné d’entrée. L’album s’ouvre sur "All the lovers come and go these days", porté par un rythme de bossa et la voix molletonnée de Hugh Coltman.
L’album se veut un mélange de genres. On passe alors de la ballade piano "The ballad of the sad young man" où l’anglais accentue son côté crooner à "Could you be trusted" petite ritournelle pop, assortie de quelques harmonies vocales beach boysiennes, qu’un Ed Harcourt n’aurait pas renié. "Something wicked this way come", quant à lui, sonne comme un (bon) générique de James Bond façon Shirley Bassey et le jazzique "Where did the day go" côtoie le sautillant et léger "As the crow files".
Essentiellement acoustique, piano et guitare en avant, le tout est agrémenté d’arrangements subtils, tout en délicatesse. Ainsi s’invitent des cordes, du hautbois ("On my hands"), des flûtes, mais aussi de la guitare électrique pour des soli intelligents ou même un ukulélé sur le roublard "Sixteen" ou sur "Magpie" qui, avec son rythme chaloupé, tourne à la Caribbean Party.
Un joli album, tout en douceur, qui visite des styles feutrés mais reste au final très homogène. La voix de Hugh Coltman élève l’ensemble et survole ce disque. Suave par moment, crooner assurément, Hugh Coltman joue sur du velours et étale son talent. D’une facilité sans éraflure, il prodigue des compositions classieuses, sans excès ni cabotinage. Mélange de jazz, folk, pop avec une pointe de rythmes exotiques aux entournures, Stories From The Safe House se déguste élégamment et s’apprécie à chaque écoute. |