Comédie
de Sébastien Heurtel et Philippe Fournier, mise en scène
de Marc Avertin, avec Jean-Philippe Malric, Lupe Velez, Vanessa
Mikowski, Sophie Parel et Macha Orlova.
Voila le genre de pièce qu’on ne voit pas tous
les jours… Dans un appartement à Zurich en 1919,
des artistes pas encore reconnus vivent en vase clos dans une
ambiance à la fois créatrice et électrique,
chacun ayant son ego et son caractère.
Il y a là Jane Kalagan, qui met beaucoup d’espoirs
dans sa dernière œuvre baptisée "Accrochez-vous
!" et qui vit un amour mouvementé avec Molly, nostalgique
de la vie londonienne. Il y aussi Ulla, ravissante actrice suédoise
un peu idiote qui attend que le réalisateur de génie
Otto Kurtzman lui offre le rôle principal de son film
qui tarde à se faire. Un étrange inspecteur va
faire soudain irruption dans ce petit monde et y mettre un joyeux
bazar.
La pièce, faisant référence aux prémices
du mouvement Dada au tout début du vingtième siècle
en Suisse en donne une interprétation libre qui peut
néanmoins laisser entrevoir ce que fut cette époque.
Les deux co-auteurs Philippe Fournier
et Sébastien Heurtel se sont
visiblement amusés à écrire ce divertissement
loufoque et absurde un peu dans le style d’un Woody Allen.
Le tout est mis en scène avec allant par Marc
Avertin.
Les répliques (dont certaines sont vraiment savoureuses)
s’enchainent sans temps mort, la mécanique est
bien huilée, et on prend pas mal de plaisir à
voir évoluer ce petit monde comme des poissons dans un
aquarium. Dommage qu’au bout d’un moment, chacun
ayant abattu toutes ses cartes, on tourne un peu en rond alors
qu’on attendrait un final plus efficace.
Néanmoins, "Accrochez-vous
!" reste une comédie explosive délirante
et sans prétention qui fait baigner quelques beaux spécimens
dans une folie permanente pour le plus grand plaisir du public.
Les comédiens sont tous formidables sans en faire trop
(alors qu’il serait facile de tomber dans le surjeu avec
un tel sujet). Mention spéciale à Jean-Philippe
Malric, désopilant en réalisateur maudit,
qui fait mouche à chacune de ses répliques et
à Lupe Velez, incroyable de
présence.
Un spectacle à mille lieux de tout ce qui se fait actuellement
dont on sort éberlué. Un peu sans queue ni tête,
mais au final, doucement jubilatoire. Complètement dada,
quoi…
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