Ça fait un sacré moment que je ne m'étais pas penché sur le hip-hop. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment approché le genre si ce n'est à la faveur de quelques crossover musicaux, entre un Fun Lovin Criminal ou un Beastie Boys de derrière les fagots.
En d'autres termes, je connais autant la scène hip-hop américaine que mon chat s'y connaît en gastronomie. Aussi, pour moi, Everlast reste ce vague rappeur de House of Pain, tout juste bon à remplir le quota de clips pleins de bimbo sur MTV.
Mais comme le hasard fait bien les choses et que, avouons-le, personne de Froggy's Delight n'osait vraiment se coller à la tâche, j'ai glissé ce nouvel album de Everlast (non mais c'est quoi ce nom d'abord ?!) dans mon mange disque, prêt à en découdre avec le pire et me laisser aller à quelques méchancetés gratuites, histoire de me défouler un peu.
Pourtant, et même si l'intro assez "clichée" et bubblegum calibrée MTV ("Anyone") ne laissait rien présager de bon, on n'y décèle en revanche pas la moindre trace de hip-hop. A la place, une sorte de blues rock sur lequel la voix grave de Everlast, mélodique et bien loin d'une scansion rap fait des merveilles, en rappelant parfois Bjorn Berge, voire Mark Lanegan ("My
Medicine") avec, je vous l'accorde, quelques mauvais tiques empruntés du côte de Dire Straits au niveau des guitares.
Et si la part belle est fait au rock, toutes guitares en avant,
revient parfois à ses origines avec quelques titres franchement hip-hop comme "Folsom Prison Blues" ou "Kill the Emperor".
Mais même ces titres qui ne font pas forcément toujours dans la légèreté, comme ce "Maybe" reprennant sans prévenir le "No Women No Cry" de Marley, sont assez intéressants pour ce qu'ils fusionnent joliment le hip-hop, le rap et le blues, comme sur "Stone in My Hand".
Trois genres pas toujours en odeur de sainteté chez les puristes de chacun d'etre eux et pourtant aux racines pas forcément si éloignées qu'on voudrait le faire croire. Love, War and the Ghost of Whitey Ford vient confirmer, après un premier volet intitulé Whitey Ford Sings The Blues, que Everlast n'est pas qu'un simple rappeur qui voudrait jouer les méchants caïd. C'est aussi un artiste qui a des choses à dire (rien de révolutionnaire, certes mais c'est parfois important d'en rajouter) sur la guerre, l'amour mais aussi la pauvreté et plus généralement notre société, et qui sait user de la musique pour le faire autrement qu'en gueulant des insanités à n'en plus finir sur des samples indigestes.
Un disque à écouter sans a priori et avec un certain recul sur les arrangements et le maniérisme parfois trop calibré "charts US" mais avec, il faut le reconnaitre, un certain plaisir procuré notamment par la voix d'Everlast et l'ambiance blues un peu "polar" de l'ensemble. |