Conte fantastique et mis en scène par Jean-Paul Wenzel, avec Gabriel Dufay, Claude Duneton et Lou Wenzel.
Arrivant de l’étang d’à côté dans le plus simple appareil, une jeune baigneuse vient s’abriter dans la tour d’un château en ruines où un vieil érudit s’est retiré du monde avec ses livres pour seul compagnie. D’une vieille malle sortiront des robes qui feront ressembler de façon troublante la belle à des œuvres du peintre Cranach.
Dès le départ, on est dans l’ambiance bien particulière de cette pièce, un conte fantastique qui laisse présager une histoire complexe et des rebondissements multiples.
La scénographie impressionnante de Cueco (une immense bibliothèque entourant la pièce) et en haut par moments, des projections d’eau en mouvement (Sarah Jacquemot-Fiumani) nous plongent dans une atmosphère onirique comme cette histoire qui bascule entre rêve et réalité, présent et passé.
Mais après une première partie pleine de promesses, sans doute par manque de rythme et d’une intrigue plus consistante, l’histoire se perd un peu et l’on reste sur sa faim. Il reste une jolie métaphore sur la transmission et le savoir et un spectacle inégal qui offre des moments brillants et d’autres beaucoup plus plats.
On a un peu l’impression que Jean-Paul Wenzel, dont le talent d’auteur n’est plus à démontrer, a été impressionné par l’enjeu de réussir dans un même spectacle à réunir ses initiateurs : Claude Duneton qui lui donna à 16 ans l’amour du théâtre et des textes et lui fit rencontrer Cueco, et de transmettre lui-même le flambeau à sa fille, Lou.
Pour toutes ces raisons, "La jeune fille de Cranach" a quelque chose d’émouvant et la prestation des comédiens n’enlève rien à ce charme. Claude Duneton, sans rien faire, impressionne par son charisme et sa présence. Face à lui, Lou Wenzel est pleine de spontanéité et de charme. Enfin, Gabriel Dufay se révèle être un comédien d’avenir (même si son rôle, un bûcheron devenant un mignon au costume moulant, frise par moment le ridicule).
Porté par la musique envoutante de Berry
Hayward et l’efficace bande-son de Philippe
Tivillier, le spectacle laisse comme un sentiment d’inachevé.
Mais la mise en bouche vaut quand-même largement le détour.