En 10 albums de ce groupe de San Francisco, c'est le premier dont je vous parle sur Froggy's Delight. La raison en est aussi simple que compromettante, je ne connaissais pas, sinon par quelques amis qui n'avaient pas loupé le phénomène.
Aussi, lorsque j'ai reçu ce disque, j'ai vite sauté sur l'occasion pour combler cette lacune. D'abord, dans le but de découvrir ce groupe au drôle de nom, et puis ensuite avec la ferme envie de parler de ce groupe ultra attachant. Car, et on m'avait prévenu, la musique de ces doux dingues est addictive et leurs mélodies d'apparence naïves recèlent de nombreuses surprises.
Et avec un peu de recul sur leurs disques précédents, il semble bien que les surprises sont aussi dans le changement de style d'un album à l'autre au gré des envies. Lors d'une interview accordée à un autre webzine, Greg Saunier disait que lorsqu'il lisait au sujet de ses disques telle ou telle comparaison dans un article, il savait alors ce qu'il ne devait plus faire.
Démarche intéressante et osée à l'heure où tout doit être calibré et rapidement identifiable.
Néanmoins, Deerhoof garde son identité au fil des disques, notamment grâce au chant de Satomi Matsuzaki, faussement naïf, oscilliant entre un anglais au fort accent et un japonais charmeur, voire quelques mots de son invention, afin d'allier au mieux chant et musique.
On se retrouve ainsi avec des morceaux qui tiennent autant de Blonde Redhead que de Stereolab comme ce "Jagged fruit" à multiples facettes, entre le rock à guitares des Blonde Redhead et la pop sucrée des Stereolab.
Incontestablement, un titre phare de ce disque avec l'excellentissime "The tears and music of love" et ses imparables riffs de guitare.
Lorsque la voix de madame laisse place à celle de monsieur, nous ne sommes pas au bout de nos surprises et on se retrouve avec une chanson qui fleure bon les Beach Boys de Brian Wilson avec ses voix harmonieuses et sa mélodie doucement folledingue ("Family of others").
Et en mélodie folledingue, les Deerhoof en connaissent un rayon et s'appliquent avec une joie certaine à déstabiliser l'auditeur avec des chansons déstructurées et absurdes comme "Baskett Ball Get Your Groove Back" et ses histoires de lapins qui sautent.
Offend Maggie est un disque addictif même si au premier abord, il paraît un peu rébarbatif, comme cette étrange rythmique sur le lancinant "Buck and Judy". Des titres comme "Family of others", "Jagged fruit" ou "Eaguru guru" devraient vous convaincre rapidement du talent créatif de ce groupe qui prend un malin plaisir à sauter à pieds joints dans les flaques.
On est déjà en novembre, pourquoi ne pas parler d'album de l'année ?
Allez, soyons fous, Offend Maggie peut largement prétendre au top 10 ! |