De retour à la Cigale pour une troisième soirée de concerts, avec en tête d’affiche les très attendus Foals. La programmation de ce soir est particulièrement alléchante et fournie (la plus fournie du festival en fait avec 6 groupes), même si j’émets quelques craintes quant à l’accueil que réservera la Cigale au doyen de ce festival Seasick Steve. Wait and see…
En entrant dans la salle, celle-ci est déjà plongée dans l’obscurité avec sur scène, les anglais de Wild Beasts. Il ne faudra pas plus de quelques morceaux pour comprendre que nous faisons face à des musiciens vraiment audacieux.
Leurs compositions pop sont parfaitement originales et surtout le chanteur a cette impressionnante capacité de passer d’une voix de ténor à celle d’un castrat. Celui-ci joue d’ailleurs au ping-pong vocal avec un bassiste aux faux airs de Paul Simonon. Folle et belle découverte, Wild Beasts, un nom à retenir absolument.
Les new-yorkais de The Virgins prennent la suite. Ces derniers mois, les quatre ont fait parler d’eux grâce à leur single Rich Girl et surtout à leur prestation en première partie de Patti Smith ou encore Sonic Youth, excusez-les du peu. On s’attend donc à une petite révolution musicale qui justifierait le buzz, mais très franchement, il n’en est rien.
L’unique originalité de leur son réside dans la mise en avant de la basse, donnant ainsi à leur rock indé un petit côté funky. Pas désagréable mais pas suffisamment bouleversant pour retenir l’attention du public plus de trois morceaux. Un dernier soubresaut quand même avec le tube "Rich Girl" joué en fin de set.
Seasick Steve et son batteur au look capillaire à la J.Mascis investissent la scène de la Cigale. Le vieux bluesman barbu enfourche sa gratte et l’accueil qui l’accompagne est incroyable.
Mes craintes sont ainsi dissipées et c’est avec bonheur qu’on assiste tous à une leçon de blues-country-rock divinement old school. A 60 ans tapés, le monsieur a une énergie de jeune homme et surtout, il transpire la joie de jouer live. Pas blasé, il envoie ses tubes avec le sourire et ponctue son set d’anecdotes croustillantes.
L’une d’elle étant l’histoire de charmantes bestioles qui auraient pour habitude de pondrent dans les chairs des personnes sur lesquelles elles élisent domicile.
Ça sent étrangement le vécu. L’ex-taulard tatoué invitera une demoiselle à venir jouer du tambourin à ses côtés le temps d’une chanson.
Pas de doutes possibles, Seasick Steve a conquis la Cigale et quittera la scène en héros.
J’aurais la chance d’échanger quelques mots avec le bonhomme peu de temps après son set et il confirmera mon ressenti quant au bonheur de jouer sa musique et de pouvoir en vivre : "You know it’s so good to have a job !".
Transition plutôt difficile pour Soko, après une telle énergie et une telle ovation. Heureusement la demoiselle dispose de compositions folk-pop tout à fait sympathiques. Sa voix, un brin cassée, vaut aussi le détour.
Malgré tous ces bons points, la jeune femme agace un poil. Elle se comporte en petite fille et minaude à chaque prise de paroles.
A priori je ne suis pas la seule à être dérangée par cette attitude, puisqu’elle se fera gentiment bousculer par un public qui préfère l’écouter jouer plutôt que de la regarder poser.
A l’entracte, c’est un jeune homme de tout juste 14 ans qui vient passer la dure épreuve du rideau. Après les baby rockeurs, voici donc le blédina rockeur (comme l’ont qualifié les Inrocks, dans un article récent).
Zack Laughed, un auvergnat comme son nom ne l’indique pas, nous joue quelques charmantes compos folk, à la guitare sèche ou au ukulélé (instrument désormais indispensable à tous les folkeux et anti-folkeux de la planète… merci Herman Dune et The Wave Pictures).
Sur son dernier morceau, il arrive de manière surprenante à capter l’attention d’une foule dissipée et carrément à lui faire reprendre en chœur le titre en question. Un vrai pro !
Passons maintenant aux choses sérieuses. C’est au tour de Friendly Fires de nous montrer de quoi ils sont capables. En ce qui me concerne, j’étais restée sur une impression mitigée après leur dernière prestation à la Flèche d’Or il y a peu. J’espère donc me réconcilier pleinement avec les anglais ce soir.
Je retrouve sans conteste cette folle énergie dont ils avaient fait preuve, voire même décuplée. C’est indéniable, leur électro-pop survoltée met rapidement la salle en transe. Le chanteur est dans tous ses états et sa patate est communicative.
Malgré tout, je leur reproche une nouvelle fois leurs compositions répétitives même si l’ambiance dans laquelle ils ont transporté la Cigale semble me donner tort. Surtout lorsque le groupe entame leur hymne "Paris", idéal dans le contexte.
Le public est donc chauffé à blanc au moment où Foals entrent sur scène. Découverts l’année dernière lors de ce même festival, mais à la Boule Noire, les britons avaient alors, dans un anonymat quasi total, enflammé la petite salle en sous-sol.
Leur prestation de ce soir prouvera leur légitimité de se retrouver cette année plusieurs étages au-dessus, en tête d’affiche de la plus grosse soirée du festival. Comme leurs confrères anglais de Friendly Fires, ils ont cette même énergie incroyable et cette même envie d’en découdre, mais avec ce plus qui fait toute la différence, une réelle originalité d’écriture.
Leur prestation est également un véritable show visuel. Le chanteur, Yannis Philippakis paraît complètement possédé. Il n’arrivera pas à se retenir de se jeter dans la foule, ni de grimper absolument partout. Les amateurs de dance-punk en ont pour leur argent, la prestation est démente et les compos tubesques… Antidote, leur album étant déjà culte. Avec des titres aussi inventifs et dansant que "Cassius" ou "Balloons", il n’est clairement plus possible d’ignorer les cinq Foals. |