Réalisé par Tim Burton. USA. 1991. Avec : Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest.
A l’occasion du spectacle musical éponyme au Théâtre du Châtelet, la Filmothèque du Quartier Latin avait ressorti, ce mois de novembre, le film Edward aux Mains d’Argent, pour quelques projections qu’il ne fallait pas manquer.
Considéré par beaucoup de cinéphiles comme un des meilleurs films de Tim Burton, Edward aux Mains d’Argent est peut-être le premier vrai long métrage de fiction du réalisateur.
Beetlejuice, en 1988, marquait déjà les possibilités lyriques et délirantes de l’imaginatif metteur en scène. Mais de manière trop excessive ou décalée pour être accessible au grand public. Batman, en 1989, définissait provisoirement le gothique plastique comme esthétique officielle de l’auteur. Mais Burton n’a pas créé le personnage de l’homme chauve-souris.
C’est pourquoi en 1991, Edward aux Mains d’Argent se pose peut-être, avec le recul, comme une vraie fondation de toute la filmographie du réalisateur. Tous les éléments visuels, scénaristiques, stylistiques et thématiques de Tim Burton sont ici réunis. Jamais, à part dans ses films d’animation, Burton n’a de nouveau créé un précipité aussi mature et poétique dans une de ses fictions incarnées.
Plus sobre que la plupart de ses films, plus sérieux aussi, Edward aux Mains d’Argent est surtout le plus épuré. Chaque personnage est unilatéral (sauf la jeune fille, qui est la seule à changer diamétralement de point de vue), les décors sont sommaires, le scénario est progressif en trois actes. Edward aux Mains d’Argent est finalement un film très simple, d’une construction classique, et d’une production sans exhubérance.
Au final, l’oeuvre est d'une poésie et d’une beauté rarissimes au cinéma, résultant d’un équilibre magique entre imagination (le rêve avant sa matérialisation), écriture (création d’un cadre créatif à ces idées extraordinaires), et mise en scène (représentation non spontanée du rêve impalpable du départ).
Si aujourd’hui Tim Burton conserve son esprit vagabond, délirant et original (par rapport au reste de la création audiovisuelle), ses redites excessives de film en film lui ont fait perdre une grande partie de sa fertilité créative ; et malheureusement, plus que tout, le réalisateur a sans doute perdu cette spontanéité enchantée que ponctuellement, à la faveur d’une oeuvre atypique, le cinéma nous livre par chance, par hasard, ou par talent.
A retenir aujourd’hui : presque 20 ans après sa sortie, Edward aux Mains d’Argent est un film magnifique, limpide et pur, dont le message et le style sont toujours applicables à l’époque.
Une réussite durable, qui fera rêver nos enfants et petits enfants. |