En cette période automnale propice au cocooning, Vincent Delerm sort son nouvel album studio au titre sobre Quinze chansons. Cette nouvelle livraison derlermienne, six ans après le premier, est un disque enivrant, un plaisir simple et direct.
Quatre albums au compteur, proches au niveau du ton mais si singuliers au niveau de l'approche. L'orchestration prend de plus en plus le pas sur le concept initial piano/voix, les influences musicales, notamment anglo-saxonnes, s'affirmant au fil des saisons. Le phénomène générationnel amplifié par les divers médias cède définitivement la place à l'artiste et à son oeuvre musicale.
Quinze chansons et un peu plus d'une demi-heure. Cela peut sembler bancal voire bâclé. Le résultat est à l'opposé, à savoir un disque en tout point excellent, réalisé avec envie et décontraction. Loin de l'image de solitaire qui lui colle trop souvent à la peau, Vincent Delerm est magnifiquement épaulé par des musiciens de haute-volée. Des amis croisés ça et là sur scène et sur disque (Peter von Poehl, Albin de la Simone et le trompettiste Ibrahim Maalouf) auxquels se joint l'ingénieuse doublette Jean-Philippe Verdi / Remi Galichet.
Véritables courts-métrages musicaux, les chansons s'enchaînent avec une fluidité incroyable. En alternant les formats courts et des durées plus classiques, Vincent Delerm joue sur les ambiances et la modulation musicale. Dandy lunaire, avec ce petit quelque chose d'Edouard Baer, il jongle avec les références littéraires, musicales, cinématographies et artistiques.
Ainsi, après une pause (volontaire ?) sur les Piqûres d'araignée, le name dropping fait son grand retour. Agaçant pour certains et joussifs pour d'autres, cette pratique est utilisée avec justesse par le sieur Delerm. Au fil du disque, ceci nous conduit à des rencontres inattendues, les footeux Patrick Vieira et Wayne Rooney croisant les artistes Martin Parr, François de Roubaix et Marcel Duchamp. J'en passe et des meilleurs...
Vincent Delerm nous offre des chansons irrésistibles aux titres improbables comme "Le coeur des volleyeuses bat plus fort pour les volleyeurs" ou "Un tacle de Patrick Vieira n'est pas une truite en chocolat". Maniant avec délicatesse et justesse l'humour ("Dans tes bras"), il excelle également dans le domaine de la beauté mélancolique ("Monterey" et "La vie est la même"). On retiendra également le cinématographique "Tous les acteurs s'appellent Terence" et le littéraire "From a room" évoquant Léonard Cohen sans oublier "Il y a un temps pour tout" et "Je pense à toi" qui ont tout pour devenir des classiques.
Alors que son premier album évoquait Paris et que le second lorgnait du côté de Londres, le petit dernier semble trouver son inspiration du côté de New-York. Vincent Delerm, nous invite à retrouver les Beatles au "Shea stadium", à flâner vers "North avenue" et évoque avec subtilité le 11 septembre à travers l'histoire d' "Allan et Louise".
N'en déplaise à certains, Vincent Delerm s'impose définitivement comme un artiste incontournable dela chanson française (ancienne et nouvelle). 15 chansons est un disque qui ravira autant les trentenaire que les retraités, les Parisiens que les provinciaux, les bobos que les prolos, les intellos que les sportifs... Un album excellent et un véritable artiste populaire. |