Opéra
bouffe de Léo Delibes sur un livret de Adolphe Jaime
et Philippe Gille, direction musicale de Christophe Grapperon,
mise en scène de Jean-Philippe Salério, avec Rodolphe
Briand, Jean-Philippe Catusse, Vincent Deliau, Claire Delgado-Boge,
Gilles Favreau, Emmanuelle Goizé, Olivier Hernandez (ou
François Rougier), Estelle Kaïque, Mélody
Louledjian, Xavier Mauconduit, Flannan Obé, Camille Slosse
(ou Marie-Bénédicte Souquet) et Ainhoa Zuazua
Rubira.
Comme chaque fin d'année, la Compagnie
Les Brigands élit domicile au Théâtre
de l'Athénée-Louis Jouvet pour y célébrer
les vertus roboratives de l'opéra lyrique.
Après l'opérette des années 30, "Arsène
Lupin, banquier", programmée en 2007, qui
entraînait le public dans les années folles à
la poursuite du gentleman cambrioleur, changement de décor
et de registre avec un opéra bouffe satirique qui épinglait
les moeurs politiques du Second Empire.
Concocté par deux bons faiseurs de l'époque,
Adolphe Jaime et Philippe
Gille, sur une partition fine et légère
de Léo Delibes, qui fait la
part belle aux comédiens-chanteurs, "La
cour du roi Pétaud" est un divertissement
vaudevillesque et jubilatoire qui se trouve ici présentée
dans une déclinaison pour 13 chanteurs et 13 musiciens
élaborée, pour l'adaptation et l'instrumentation,
par Thibault Perrine.
L'intrigue, digne d'un conte de fées mâtiné
d'un comédie loufoque, sévit dans un royaume,
dont l'emblème est la girouette, soumis aux tergiversations
d'un roi pagailleux entourés de ministres courtisans
incompétents menés par un conseiller répondant
au nom de Volteface. La guerre avec un homologue belliqueux
et caractériel ne trouve un terme qu'au prix d'une future
union conditionnelle entre leurs deux rejetons nouveaux-nés.
Ténor à la belle faconde, Rodolphe
Briand est un succulent et bouffon roi Pétaud
face à Vincent Déliau
qui, sous des faux airs de Marcel Philippot, donne à
son personnage tyrannique une connotation ubuesque et chacune
de leur rencontre est l'occasion de duos hauts en couleurs auxquels
succèdent des duos d'amour entre la très jolie
nigaude princesse au chant délicat, interprétée
par Melody Louledjian, et le prince
entreprenant, rôle dans lequel la confirmée et
sémillante soprano Emmanuelle Goizé
excelle.
La mise en scène administrée avec sagacité
par Jean-Philippe Salério et
la direction musicale énergique et bien troussée
de Christophe Grapperon soutiennent
le travail éminemment choral d'une troupe homogène
dont chaque protagoniste concourt à la réussite
de cette récréation drôle, cocasse et bon
enfant qui, au terme d'une sensationnelle montée en puissance,
et en folie, à l'image de la prestation étourdissante,
dans le rôle de Volteface, du comédie baryton Flannan
Obé, part en vrille pour un dernier acte explosif. |