La scène anglaise a un côté exclusif qui a de quoi déranger un peu. Les jeunes artistes sont majoritairement des hommes blancs à l’instar des Beatles, des Kinks, des Stones. Peu de visibilité pour les femmes et les gens d’origine étrangère globalement.
Quand les Asian Dub Foundation sont sortis au début des années 90, on s’est rappelés l’histoire partagée des anglais et de leurs anciennes colonies. On a découvert en allant à Londres que la musique jusqu’alors (du moins celle des radios) ne traduisait pas le formidable métissage de la population, même si les Beatles eux-mêmes avaient montré la voie en allant s’instruire auprès de Ravi Shankar.
Au commencement du groupe, il participe aux concerts qui revendiquent la lutte contre le racisme, critiquant les inégalités parmi la jeunesse, se faisant le porte-parole des invisibles dont la colère montait.
Pour Steve Savale, membre d’ADF à qui nous avons envoyé quelques questions dans le cadre de la sortie de Punkara, ça reste sans contexte l’inégalité des classes qui génère le plus de problèmes et qui fait le lit du racisme actuel. En revanche il refuse de se penser uniquement comme britannique, s’associant davantage à la diversité et aux problèmes internationaux.
La musique d’Asian Dub Foundation s’est depuis le début nourri de toutes les influences musicales, musiques indiennes, asiatiques, arabes, hip hop américain, violentant les frontières entre le rap et la world music, comme si dans un même morceau toutes les communautés devaient se trouver valorisée dans leur expression musicale.
Trois ans après leur précédent album Tank ils reviennent avec un nouveau bébé Punkara, association de Punk et de Bhangra : genre musical qui prend naissance dans les communauté indienne et pakistanaise vivant au Royaume Uni. Se sont joints au projet : Al Rumjen, Babu Storms, Aktarv8tor, Pritpal Rajput, Sun-J Tailor, Steve Chandra Savale( Chandrasonic).
Punkara contient tous les ingrédients qu’on aime retrouver dans leur travail : une espèce de rage, de rythme de jeux vidéos, des collaborations détonantes comme cette chanteuse arabe Amina Anaabi que Savale gratifie d’être l’ "un des plus grands trésors de France". Et sans oublier l’humour et la sensibilité.
Chacun s’est certainement enrichi de rencontres à travers le monde, tant au Mali, au Nigeria, qu’au Brésil.
Alors encore déterminés à en découdre contre l’esprit de chapelle, les idées étriquées, ils insufflent dans ‘Punkara’ le rêve d’un monde où les hiérarchies culturelles sont abolies, où les cultures dialoguent à armes égales.
Il y a fort à parier que c’est ce rêve que partage le public français qui fidèle, les suit depuis toutes ces années et qui ne sera pas fâché de retrouver leurs révoltés d’Outre Manche. |