Pfiou. Pour tous ceux qui voudraient aller à la Boule Noire à pied depuis la Gare du Nord, prenez bien garde de ne pas confondre la rue Rouchechouart avec le boulevard du même nom… Les déambulations supplémentaires ainsi engendrées pourraient vous causer quelques désagréments, comme celui d’arriver stressé à l’entrée, pour lâcher tout essoufflé : " J’aimerais récupérer 2 pass au nom de Froggy Delight s’il-vous-plaît… ".
Après dépôt du manteau au vestiaire (un chouilla onéreux tout de même mais que voulez-vous, c’est Paris…), j’entre (pour ne pas dire que je me rue, cela rendrait le mouvement brutal alors que je suis tout de même entrée dans un calme relatif), je disais donc, je rentre dans la chaleureuse salle de la Boule Noire et oh, miracle ! Bien que le concert soit complet, je me faufile sans peine aux 1ers rangs (bien plus pratique pour les photos vous admettrez). J’avais oublié que l’habituel guest (ou première partie) ne déclenche pas toujours l’enthousiasme des foules, ou tout du moins celui du public venu pour Néïmo. Personnellement, je n’ai connu le nom du groupe que lors de son entrée sur scène…
Ce soir ce sont les 4 membres du groupe MINF (Musique Is Not Fun pour les non-initiés) qui ont la tâche de mettre la salle dans l’ambiance, si tant est qu’il y ait besoin de chauffer les fans de la tête d’affiche… Un jeune groupe "in the wind " comme qui dirait, pour s’exprimer dans la langue de leur style musical, "so british". Un groupe que j’avais eu l’occasion de découvrir dans un bar dijonnais l’an passé, et qui parvient petit à petit à se faire sa place dans le paysage pop-rock français.
Surfant sur la vague des BB Brunes et autres jeunes artistes grands et minces option jean slim (ce dont je ne suis pas spécialement fan), le show est sympa. Juste sympa. Se laisse écouter, on hoche un peu de la tête. Mais l’ambiance est loin d’être follement endiablée. Une voix sans vraiment de personnalité, un manque de punch, un manque d’un je ne sais quoi qui m’aurait permis de vraiment accrocher. Fatigue du groupe ce soir-là peut-être ? Je ne suis pas difficile pourtant, mais je me fonds avec le public qui ne fait pas non plus preuve d’un enthousiasme débordant. Un style pop agréable, mais là en concert ça le fait moins… la sensation de ne pas pouvoir apprécier la qualité de leur musique à sa juste valeur. Je ne m’étalerai pas sur un des morceaux où le batteur se fait chanteur, pour entonner "HP Please" : typiquement british peut-être, mais, pardonnez-moi l’allusion, j’ai l’impression d’écouter le générique de Tom Sawyer… Lorsqu’ils annoncent Neïmo, c’est sans regret et sans rappel que le public les laisse quitter la scène puis ranger leur matériel.
Neïmo. Tout de suite la différence est palpable, avec une nette et dynamique réaction du public poussant irrésistiblement vers la scène. Entrée dans le noir, seule la lumière de la caméra guide les musiciens. Camille à la guitare, Matthieu aux claviers, un nouveau à la batterie, Vincent, et Bruno au chant… Démarrage sur les chapeaux de roues avec le très dynamique "Echoing Pixels". Ca y’est, j’y suis. Pur bonheur. J’avais eu l’occasion de rencontrer ce groupe pour une interview et une session acoustique (liens en bas), la qualité musicale et le timbre de voix chaleureux et travaillé de Bruno m’avaient déjà bluffée.
En concert c’est… comme sur le CD, mais en mieux, avec les sonorités et la puissance du live, et surtout le jeu de scène du charismatique chanteur. Là le terme se justifie pleinement, vous allez comprendre… "Carsick", "Deceit", "The Hourglass": il fait chaud, ôtons donc le blouson en cuir. Du style oui, mais pas au dépend du confort. "Something in Common", "The Story Of", "Blow My Mind", puis "Hot Girl", titre soit dit en passant représentatif du public à forte représentation féminine. "Strip For Me" : je ne suis plus tout à fait sûre, mais cela ne m’étonnerait pas que ce soit à cet instant que le T-shirt est allé rejoindre le manteau par terre… (note de la photographe : un joli corps musclé est bien plus photogénique qu’un T-shirt noir, aucun doute là-dessus). "Poison The Chalice", sans doute un futur tube, "Peter and The Wolves", petit moment calme, un peu de répit n’est pas de refus !
Mais le calme est de courte durée, cette musique redevient vite dynamique. Je parlais du jeu de scène tout à l’heure… Le strip-tease est loin d’être la seule gestuelle du chanteur… Bruno évolue en totale liberté : tantôt à genoux, tantôt allongé, ou rampant par terre, appuyé sur le clavier, murmurant/chantant à l’oreille de Camille, puis un petit tour de l’autre côté pour un éclat de rire avec Matthieu, Vincent le batteur n’est pas non plus épargné. Sans parler de quelques incursions sur l’avant et les côtés de la scène pour être au plus proche du public. Le fil du micro s’enroule, Bruno se lâche et ne se prive pas de jouer avec le pied de celui-ci, le public est littéralement transporté. "The Loving Dead", "Johnny Five" (tube incontournable), pour finir avec "Lines", excellent aussi.
De toute façon chaque morceau de l’album Moderne Incidental est une petite perle... L’heure du rappel sonne déjà, bien trop tôt à mon goût. On aura noté auparavant le passage de Sacha de Second Sex pour une participation saxophoniste s’intégrant à merveille dans un titre de Neïmo (ne me demandez pas lequel, j’étais trop concentrée dans mes manœuvres spatiales parmi les autres photographes pour vous offrir de nombreuses vues variées). Un petit incident a troublé la fête quelques instants, une chute d’ampli qui s’est débranché, ce fut l’affaire de 30 secondes. 10 secondes après l’incident avait déjà quitté les mémoires. "Friends Of Mine", "Can You Call Me ?" (une dynamique que j’adore dans ce morceau, tout en subtilité) et enfin "Frustrated".
Frustrée je le serais presque tellement la soirée est passée vite. Scotchée à l’interprétation musicale des talentueux musiciens, au timbre de voix de Bruno, ou peut-être à ses pectoraux qui sait… Trop de show ? Non, Bruno n’est pas tombé dans le piège du too much. Il vit ses musiques, se donne juste à fond, comme ses compères. Tant mieux, on ne demande que cela. |