On sait Devendra Bahnart prolifique : déjà huit productions à son actif, chacune toujours très bien fournie et enregistrée dans des temps records, ainsi que de nombreuses participations çà et là. Sachant cela donc, il n’est pas étonnant de voir l’artiste farfelu se lancer dans un premier side-project, appelé pour l’occasion et de manière charmante, Megapuss.
L’album Surfing, sorti il y a peu, a été confectionné avec l’aide du multi-instrumentiste et songwriter leader de Priestbird, Greg Rogove. Là encore, enregistrement fissa dans la campagne californienne. D’autres grands noms se sont associés à ce projet insolite : Fab Moretti (batteur de Strokes), Noah Georgeson, Purkey Remington, Benny Bensi et Aziz Ansari (comique spécialiste du stand-up).
Avant même la sortie officielle, le nouveau combo fait déjà sa comm’. Entre un concert "shoking" lors duquel les joyeux lurons s’exhibent avec des godemichés-ceintures et une couverture d’album en total cul nus, les néo-hippies ont le sens du marketing et de l’humour.
L’humour, on le retrouve bien entendu tout au long de l’album. En commençant, comme vous l’aurez sûrement remarqué, par le nom de la formation Megapuss, littéralement…euh… Mégachatte. On vous laisse apprécier. L’humour toujours avec le premier single, "Adam and Steve" client d’œil lo-fi gay et son incroyable riff piqué au célèbre "Careless Whisper" de George Mickaël. Des chœurs sous forme de "miaou" sur le dansant et joyeux "Theme From Hollywood", ou encore avec "Duck People Duck Man" aux accents reggae et aux paroles insolites : "What do you know about duck people ? You think you know us? You don’t know anything !".
Mais le talent de Devendra ne se résume pas à de bonnes grosses blagues. Il sait avant tout faire de grands morceaux. Les meilleurs exemples avec le titre d’ouverture "Crop Circle Jerk '94" mélange merveilleux de psychédélique et de funk, ou encore "A Gun On His Hip And A Rose On His Chest" hommage à Bo Diddley, mais aussi "Surfing" morceau piano/intimiste au chant planant.
Surfing, c’est Megapuss d’accord mais c’est avant tout Devendra. En terme de chelouterie et d’inventivité, c’est du 100% Banhart. Alors, voilà, c’est peut-être la seule mauvaise critique qu’on peut faire à cet album. Oui, rien de nouveau sous le soleil. L’artiste néo-hippie-folk s’est trouvé une nouvelle extension de lui-même pour s’exprimer musicalement. Mais une nouvelle fois, c’est une réussite.
Du rock psyché rencontrant du rythm&blues, rencontrant du funk, rencontrant les Beach Boys, rencontrant les Stones, rencontrant George Mickaël, rencontrant The Mamas&The Papas, seul Devendra pouvait faire de tous ces ingrédients une potion magique pour nos oreilles. |