Dans cet essai de Gisèle Halimi sur son engagement féministe, le fil rouge traverse les pages autour de la question qui la taraude depuis l’enfance : "Comment être sujet quand on naît femme ?" Gisèle Halimi interpelle sa place de fille dans sa famille tunisienne dans les années 30, refuse l’aliénation d’une grossesse non désirée, s’insurge contre la marchandisation du corps féminin à des fins sexuelles ou du désir d’enfant à tout prix.
Un moyen : Avocate au barreau de Tunis puis au barreau de Paris ! Un objectif : Changer les lois discriminatoires vis-à-vis des femmes! Un combat : Fonder le mouvement féministe Choisir avec, entre autres, Simone de Beauvoir qu’elle admire pour Le deuxième sexe, qu’elle critique pour son comportement au-dessus des émotions sauf dans la passion amoureuse. D’où lui vient cette détermination à se battre contre les préjugés de sexes et de classes ? Elle l’explique par un sentiment de révolte à l’état pur : "Une revendication née du désespoir de ma jeune vie. Plutôt disparaitre que d’accepter cette invisibilité". Bravo Madame Halimi ! Grâce à son insoumission, la vie de millions de femmes a changé et elle a raison de rappeler à la fin de son livre que "le lien entre les libertés, pour que chaque femme accède à sa liberté, s’impose comme une évidence. Le corps- qui m’appartient- pour sortir du servage. L’indépendance économique pour choisir sa vie. La parité politique enfin pour agir en démocratie".
Ne vous résignez jamais se boit comme un élixir vivifiant. En lisant cet essai qui n’est pas un témoignage mais une réflexion sur son engagement féministe, cela me rappelle ce que j’écrivais au tableau quand je m’insurgeais contre le pouvoir des religieuses sur des adolescentes en colère : "De l’audace, toujours de l’audace et encore de l’audace !(Danton)". Gisèle Halimi en a à revendre et n’hésite pas à contrer la justice, le parlement français et européen pour faire avancer et mettre en avant les lois qui sont les plus avantageuses pour l’égalité entre les sexes. Elle a risqué sa réputation, sa vie quelquefois pour ses convictions et nous les fait partager avec bonheur et frayeur : Elle a osé, elle ! Son livre dérange parce qu’elle renvoie à nos lâchetés et à nos petits arrangements quotidiens. Il faut le lire sans modération quand le corps fatigue, quand la somnolence psychique envahit, quand la peur d’affronter les institutions pour la bonne cause empêche l’action. Sans donner de leçon aux plus jeunes, Gisèle Halimi invite à inventer de nouvelles stratégies féministes pour supprimer l’handicap toujours actuel de naître femme avec les pièges de la sujétion au nom de la nature.
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