La première fois que j’ai vu Eddy la Gooyatsh, il était en première partie dans un concert parisien. Je n’en avais pas entendu parler, je n’avais aucune attente particulière. Après sa prestation, j’étais non seulement convaincue du talent de l’artiste mais j’attendais de retrouver tous ces petits bijoux de chansons, chansonnettes, ritournelles sur CD. Et voilà donc enfin le disque mono syllabiquement intitulé Chaud où l’artiste avec sa belle gueule (visage lippu, nez aquilin, un peu dans le genre Joe Dassin) pose devant des carreaux de faïence bleus piscine.
C’est même un deuxième album qui comprend 15 titres dont une reprise : "J’attendrai" (le jour et la nuit). Nonchalance et apologie de la paresse, nous ne sommes pas loin des univers de Philippe Katerine ou Mathieu Boogart. Seulement Eddy la Gooyatsh sur des rythmes ensoleillés au son du ukulélé, guitare allie ironie et suavité. Il ramène à la vie les moments à la cool des "promenades au bord de l’eau’, le temps des chanteurs de charme, de l’érotisme désuet des danses du ventre ou celui trouble des séductions torves dans les hôtels de luxe. Son univers cinématographique où les femmes sont à la fois enfants, à la fois sauvages et venimeuses introduit un héros, éternel joueur de mandoline sous les balcons de Vérone, qui les charme toutes grâce à son audace et à son art.
Alors ami des climats torrides, du soleil couchant avant un bain de minuit, ami des apparitions vaporeuses en déshabillé soyeux : tu seras comme un poisson dans l’eau. Ou toi que les déclarations éperdues bercent et enivrent, qui aimes être chantée, fêtée quitte à disparaître dans le fatras contradictoire des fantasmes masculins, cet album mélodieux est pour toi.
Et puis, ce n’est pas parce qu’il sort en janvier, mois des frimas et des longues nuits, qu’il ne faut pas goûter un peu au rêve des vacances estivales (sans, pour cela les moyens d’un séjour au Brésil), voyage autour de la chambre, comme le disait déjà ce grand promoteur des voyages immobiles : Xavier de Maistre. |