Comédie punk-rock écrite par Enda Walsh, mise en scène de Nicolas Morvan, avec Anne Laure Gruet et Nicolas Morvan.

Darren et Sinead, nés dans la même maternité d’une banlieue irlandaise, ont grandis ensemble et se sont inventé un royaume illusoire : "Porc city". Leur monde, hyper violent et rejetant en bloc la société est rythmé par les virées en boite de nuit où bières et bagarres se succèdent.

Dès les premières secondes, la pièce d’Enda Walsh, auteur irlandais primé à de nombreuses reprises (et scénariste du film "Hunger" Caméra d’or 2008 au Festival de Cannes) nous cloue sur notre fauteuil par sa singularité, son rythme et sa violence.

La course effrénée des deux adolescents et leur vie marginale met autant mal à l’aise qu’elle émeut. Sur un tempo sans temps morts, on les voit foncer droit dans le mur dans un jeu auto destructeur et profondément pathétique. Avec peu de décors mais un stylisme très actuel, signé par les jeunes créateurs de Moto777, et une bande-son très efficace de Karim Berraf et Stéréolive, les deux comédiens réussissent à nous entraîner dans la dérive du jeune couple.

Nicolas Morvan (également à la mise en scène) donne à son personnage toute la brutalité et la fêlure adéquate. Il est impressionnant. Quant à Anne-Laure Gruet, elle réussit à composer une Sinéad à la fois rebelle et attachante dont la détresse nous touche. Son engagement de comédienne dans un rôle particulièrement physique est à saluer : elle accomplit ici une véritable performance.

C’est d’ailleurs de son personnage que provient la seule lueur d’espoir dans ce tableau sombre et réaliste d’une jeunesse en proie au mal-être : même si cette société ne lui fait pas plus envie qu’à lui, elle comprend bientôt, grâce à l’amour, qu’il est encore temps d’accomplir un virage et de faire des concessions. Son évolution vers une possible rédemption laisse espérer une fin moins noire.