M Ward est de passage à Paris pour défendre son nouvel album Hold Times, que nous n'avons malheureusement pas encore reçu. Il nous a été possible de l’écouter, à l’occasion d’un passage en radio, mais dont la qualité sonore ne permet pas de juger complètement de ce disque. Néanmoins, son écoute permet de se faire une idée de l'artiste, de sa musique et des sentiments qui passent dans ce nouvel opus. Nous avons essayé d'en savoir un peu plus, au cours de cette rencontre.
Il est à noter que cette interview s'est faite à la fin d’une journée d'interviews pour M Ward. Le personnage n'est pas très causant, la fatigue de la journée a dû y jouer pour beaucoup. Néanmoins, c'est un homme calme, réfléchi qui a répondu à nos questions avec une grande gentillesse, qui semble le caractériser.
Comment as-tu écrit l'album ?
M Ward : J'écris toujours mes albums de la même façon, j'écris tout le temps, je joue de la guitare quotidiennement. Quand vient le moment de faire un disque, j'écoute ce que j'ai enregistré sur un quatre pistes et j'y trouve des chansons qui vont ensemble et je commence à structurer les choses.
Tu es constamment en train décrire des chansons, que ce soit en tournée, chez toi ?
M Ward : Oui, j'écris des textes ou de la musique en permanence.
Quels sont les sentiments, les impressions qui t'habitaient pendant l'enregistrement de cet album ?
M Ward : Ma façon de travailler un disque prend un ou deux ans, alors ce n'est pas un sentiment. Je travaille quelques jours sur des chansons, puis j'arrête quelques temps pour passer à autre chose. Puis je reviens dessus, constamment, alors ce n'est pas un sentiment, mais plusieurs. J'essaie d'avoir un équilibre entre la joie et la tristesse, le blanc et le noir... Le passage du temps est une aide en ce sens, je peux affiner les choses.
Le sentiment principal pourrait être le temps, qui te permet d'affiner tes chansons.
M Ward : Oui, c'est exactement cela, c'est valable pour les chansons, mais aussi pour la production et l'ensemble du projet.
Je trouve que cet album a un son d'une autre époque.
M Ward : Que veux-tu dire par là ?
Un son un peu vieillot.
M Ward : De la "vieille" musique. C'est une grande part de mon inspiration, ça ressort de différentes manières tout le temps. La musique avec laquelle j'ai été élevé est la chose qui me nourrit le plus.
De quelle période ?
M Ward : Quand j'étais très jeune, j'écoutais la musique qu’on écoutait à la maison. J'ai une très grande famille et ce qu'on écoutait était varié, ça allait de la country au classique, en passant par la musique moderne, les Beatles et tant d'autres choses.
Tu as eu des difficultés à écrire cet album ou est-il venu assez facilement ?
M Ward : C'est toujours très facile pour moi.
Certains artistes disent que leur album s'est fait dans la douleur, la colère ou des choses comme ça.
M Ward : Je n'ai pas ce genre de problèmes, quand je suis nerveux, je ne compose pas. Je fais d'autres choses.
Tu considères que ce que tu pourrais composer serait mauvais ?
M Ward : Je ne suis pas inspiré par la colère ou des sentiments négatifs. Je le suis plutôt par des sons, des histoires, des mots.
Est-ce qu'il y a une chose que tu n'as jamais faite pour enregistrer un album et que tu aimerais faire, comme un défi ? Par exemple, apprendre à jouer d'un instrument particulier ?
M Ward : J'ai toujours voulu apprendre à jouer de la mandoline et je suis en train d'apprendre. J'ai aussi toujours voulu jouer du violon, mais ça c'est trop difficile, alors j'ai abandonné.
Tu prévois de jouer de la mandoline sur le prochain album ou même l'intégrer dans des morceaux sur scène ?
M Ward : Oui, j'espère, si je m'améliore un jour.
C'est plutôt proche de la guitare, tu ne devrais pas avoir trop de difficultés.
M Ward : L’accordage est inversé, les aigus sont en haut et les grave en bas, il faut visualiser tout à l'envers. Il faut jouer avec sa tête, je suis en plein apprentissage.
Il y a quelqu'un avec qui tu aimerais jouer ou composer ?
M Ward : J'avais très envie de faire quelque chose avec Lucinda Williams, pendant que je produisais les chansons, j'ai entendu sa voix et j'étais très heureux qu'elle ait accepté de faire ce duo avec moi, c'est vraiment un très grand plaisir.
Tu as répondu à une question d'un de nos interviewers disant que tu aimes travailler avec les enfants.
M Ward : En fait, j'ai travaillé avec des enfants.
Pourquoi ne pas enregistrer un album avec des enfants ?
M Ward : Je travaille avec des musiciens et, dans leur genre ils sont un peu enfantins, ça me suffit. Mais c'est une excellente idée, peut-être un jour, les enfants ont besoin de musique.
Comment vis-tu cette crise du disque ?
M Ward : Je ne pense pas être touché, je touche du bois. Je pense que les gens qui achètent des disques sont affectés, mais je n'ai pas sorti d'album depuis un moment. J'encourage les gens à aller dans les magasins de disques indépendants, dans la mesure de leurs possibilités, parce qu’il faut apprécier ce plaisir tant qu'il existe encore. Il faut acheter des disques, pas uniquement des chansons. Allez en concert, avant que ça n'existe plus !
Ton site internet est particulièrement beau et soigné. Tu as participé à son élaboration ?
M Ward : Merci beaucoup (en français). C'est une collaboration avec un designer de Seattle. Je lui ai donné les grandes idées, et il a fait de mes rêves, une réalité. Il est très bon, il a aussi fait le superbe site des White Stripes.
Peux-tu nous citer un ou plusieurs artistes que tu as récemment découverts et appréciés ?
M Ward : Dernièrement, j'ai découvert un groupe qui s'appelle Lavender Diamond (le Myspace de Lavender Diamond). La chanteuse est vraiment très intéressante.
Tu as trois dates européennes dans les prochaines semaines. Tu vas revenir plus longtemps en Europe ?
M Ward : Oui au printemps, pour plusieurs dates en France, et aussi en Europe. Ma première maison de disque était française, ils s'appelaient Les Disques Mange-Tout, ils ont sorti mon premier album en 2000. J'avais fait une tournée de plusieurs villes en France à l'époque et j'avais vraiment apprécié.
J'ai lu que tu aimes venir en France.
M Ward : J'aime France (dixit). J'aime la nourriture, beaucoup.
Tu as fait plusieurs interviews aujourd'hui. Est-ce que les journalistes t'ont posé des questions sur Obama ?
M Ward : Oui !
Quel genre de questions ?
M Ward : J'arrive de Londres, Amsterdam et Bruxelles, les gens sont vraiment excités et intéressés par ce qui se passe. Les gens demandent si je pense que de bonnes choses vont arriver et je le pense réellement. Tout le monde aux Etats-Unis est optimiste et dans ce cas, les gens se rassemblent et échangent et c'est ce que le pays a besoin pour changer les choses.
Y a-t-il une question que l’on t’a souvent posée à laquelle tu en as assez de répondre ?
M Ward : La question la plus difficile à répondre est "qu'est-ce qui t'inspire ?" Qu'est-ce que je pourrais répondre à ça ? Il y a tellement de choses d'où je tire mes inspirations. Si tu réponds quelque chose, cela peut passer pour la seule ou la plus grande de mes inspirations et ça ne reflètera pas la réalité. C'est une question à laquelle il est impossible à répondre.
Est-ce qu'il y a quelque chose, en tant qu'artiste, dont tu sois fier ?
M Ward : Je suis très fier de cet album, de chacune des personnes qui m'ont accompagné pour le faire.
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