Mr Oizo repousse toujours un peu plus les limites de la musique électronique. Mr Oizo n'est jamais là où on l'attend. Mr Oizo s'amuse.
Quentin Dupieux (de son nom) signe son retour avec un Lambs Anger toujours aussi décalé que ses prédécesseurs. Présenté au début de l'album comme une collection d'inédits, introduits de la mention "Some Are Good, Some Are Bad, Some Are Just Ok", cet album est tout sauf commun.
Saturé, glitché, torturé : voilà des adjectifs qui pourraient donner à l'auditeur, non habitué de cet étrange animal animal parisien, un ordre idée de Lambs Anger. Chaque son house est volontairement découpé, recollé, broyé puis re-assemblé. Oizo fait donc tout différement ; comme s'il créait un morceau parfait pour le malin plaisir de le broyer, laissant ainsi son empreinte si particulière. Comme si Oizo ne pouvait supporter l'aliénation des styles et de l'industrie du disque (dont il fait partie intégrante en étant signé sur Ed Banger), et qu'il nous emmerdait royalement le système et les auditeurs en pondant un album de musique "dégénérée". Ou bien Oizo ne réfléchit pas, multipliant ainsi les morceaux qui n'ont pas pour but de le rapporter le moindre centime.
Revenons-en aux dix-sept titres de cet album : rythmique imparable ("Z"), rafales de sons discos ("Jo"), bombes à retardement pour le dancefloor ("Positif"), titres aux sons clairs et parfaitement produites ("Two Takes It" avec Carmen Castro ou encore le "Steroids" en duo avec Uffie, jeune protégée du label de Pedro Winter) ou encore tubes pour Game Boy Color ("Pourriture 2", "Cut Dick").
Difficile de comprendre Mr Oizo et sa musique (si lui même la comprend cela serait déjà un petit miracle). Lambs Anger est un album aussi jouissif qu'irritant, le genre d'album qui devrait soit être livré avec un manuel d'explication à la Ikea, soit qui se doit d'être simplement savouré pour ce qu'il est : une petite pièce d'électro décomplexée, oeuvre d'un artiste affranchi de toute bienséance musicale.
Un album à déguster... mais au 3000ème degré. |