A Atlanta, il y a le siège de nombreuses World Company dont CNN et il y a aussi des groupes de pur rock garage comme les Black Lips. Cole, Jared, Ian et Joe reviennent donc prêcher la bonne parole à l’international avec ce nouvel album. Bon ok, on ne les avait jamais vraiment perdus de vue tant ils tournent régulièrement en France et tant leur précédent opus Good Bad Not Evil avait été fort bien accueilli chez nous, les fromages qui puent.
Dès le premier titre, "Take my heart", la Black Lips’ touch saute aux oreilles. D’entrée, nous sommes accueillis par un chant criard et punky sur son coulis de sonorités garage et rockab’. La prod est hyper brute, quasi-dégueulasse, avec des voix sourdes et noyées dans la reverb. Les arpèges de gratte type Stratocaster jouée claire et sonnant suraiguë seront parfois soulignés le long de l’album par des envolées de fuzz épaisses et nasillardes. Ce côté "à l’arrache" me fait songer que les ingés-son du studio étaient peut-être en grève le jour de l’enregistrement. Mais évidemment, le naturel leur va si bien…
Les tempos sont peut-être un plus lents que sur le précédent album mais quelques morceaux devraient tout de même susciter des pogos en concert, comme les accrocheurs "Short Fuse" ou "Again and again". On trouve donc également quelques balades comme "Trapped in a basement" ou "I’ll be with you"; euh… en fait, quand je parle de balades, des images me viennent à l’esprit : j’imagine un jeune et dégueulasse vendeur de donuts au chômage à cause de la crise, vêtu d’une chemise de bûcheron maronasse à carreaux qui, par une belle nuit d’été, sort complètement débraillé et bourré (à la Bud) d’un bar à putes de la banlieue d’Atlanta, tâchant de ramener chez lui une des jeunes salariées de cet établissement, encore plus bourrée que lui, avec une mise en pli déglinguée à la Amy Winehouse et dont les bas résille plissés dévoilent des jambes charnues ponctuées par des chaussures à talons aiguilles en skaï rouge dont l’un d’eux est pété. Romantisme blacklipsien, quand tu nous tiens…
D’ailleurs, je ne sais pas si c’est Jared qui chante sur "I’ll be with you" mais en tout cas, le mec qui a beuglé comme ça durant toute cette chanson pseudo-nostalgico-romantique devait avoir pas mal de grammes de gin dans le sang. A noter à ce sujet, le final en apothéose du titre "Drop I hold", ponctué par une scène de baston a priori retranscrite à la bouche par un seul mec (mieux vaut écouter pour comprendre). Dans la série des titres ovniesques, "I saw God" vaut également son pesant de canettes avec ses "bip" remplaçant sans doute les mots grossiers.
Plus fun que des Brian Jonestown Massacre bourrés, plus rock’roll que des Babyshambles sous coke, les Black Lips confirment que la spontanéité existe toujours sur le marché du disque. Bref, à acheter les yeux fermés avec un pack de bières. Et comme dirait l’animateur de jeux-télé Nagui : "allez les voir en concert, c’est que du bonheur !" C’est vrai que leurs performances en live promettent toujours des moments assez oufs (NDLR : voir les live-reports sur Froggy’s). |