Dans
une cave de 70-80 personnes, Jeffrey Lewis
s'installe tranquillement. Cables enchevêtrés, guitares
posées n'importe comment, enceintes de fortune... Un vrai
concert d'amateur... qui tranche avec celui du Nouveau Casino. Passer
d'une salle à l'autre ne dérange pas Jeffrey Lewis.
Le public est conquis dès les premières notes. Jeffrey
commence par ses chansons intimistes, où la batterie et la
basse ne servent que de fond sonore, avant de nous décrire
la fabuleuse histoire du label K-records. C'est un documentaire,
mais par manque de moyens il n'existe que le storyboard dessiné
des mains de Jeffrey. L'histoire est pleine d'humour, et tout le
concert se déroule ainsi : alternance entre des chansons
posées, d'autres plus rock, et des documentaires...
Jeffrey Lewis ne manque pas de répondant. Avec un répertoire
déjà bien étoffé, il peut se permettre
de jouer sans setlist : "On jour quoi les gars?" "non
pas celle-là j'ai pas envie!".
Le concert dure 2h, ce qui est relativement rare pour un jeune
artiste. Lille, nous confie Jeffrey Lewis, est une ville qui lui
procure toujours une sensation étrange, une envie de tenter
des trucs... 
Et bien, faites que chacune des villes qu'il traverse lui procure
le même sentiment, car son concert est inoubliable...
Avec sa fausse allure de jeune premier, ou de jeune bûcheron
(baskets, jean, chemise à gros carreaux), Jeffrey Lewis semble
étrangement à l'aise, a l'image de camarades comme
Ben Kweller ou Adam
Green. Ce qui pourra passer chez d'autres pour de la foutaise,
comme jouer du mini-synthé avec ses gros pieds, ou jouer
de la guitare avec une bouteille de vin, est chez Jeffrey Lewis
totalement naturel, et son show est un pur divertissement.
Certes, les puristes répondront qu'il n'y a rien d'original,
une guitare et une voix ; on leur répondra tout simplement
que Jeffrey Lewis brille par son talent incontestable, peu importe
qu'il sorte ou non des règles d'un genre simple, divertissant
et accrocheur.
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