Affiche de grande classe ce soir à l’Alhambra. Hugh Coltman, le plus parisien des américains se produit ce soir dans la capitale avec en première partie du Songwriting de bon aloie. Précédé par les très bons échos de son album Stories from the safe house, la salle affiche complet et le public se compose forcément de fins connaisseurs.
Finalement, c’est le décomplexé DjeuhDjoah (Georges-Olivier d’après ses parents) qui ouvre la soirée. Invité surprise de ce soir, le jeune homme déroule son tapis pour se mettre à son aise et muni d’une guitare entame son quart d’heure de gloire.
Avec une décontraction sans faille, il prodigue de la chanson existentielle ("Comment me gratter quand je joue de la gratte") et de la ritournelle qui pousse le quidam à la réflexion ("Du boulot"). Tellement heureux d’être là que rien ne peut ébranler sa motivation, il réussit à motiver gentiment un public, il est vrai, un peu surpris de prime abord.
Joseph Léon, la véritable première partie annoncée prend la suite, lui aussi simplement muni d’une guitare folk. Il a bien assimilé les références folks, blues et country des illustres héros américains et anglais, mais le trac n’est pas son meilleur ami et Joseph ne semble pas des plus à son aise. Un coup d’œil systématique sur sa playlist rangée dans sa poche entre chaque chanson, il abandonnera même l’une d’elle après deux essais infructueux.
Pas de blabla superflu (pas du tout même), les titres s’enchaînent et coulent limpidement. Très bien fait mais peut-être trop proche des originaux pour convaincre pleinement, il réussit néanmoins à satisfaire un public charmé et sans doute sensible à ses maladresses.
Après vingt minutes d’entracte (une voix féminine dans les hauts parleurs nous ayant judicieusement précisé que le bar était ouvert !), le très attendu Hugh Coltman arrive enfin tout sourire.
Entouré de la fine équipe des Persuaders, composée d’un batteur, d’un contrebassiste/bassiste, d’un guitariste et d'un clavier, le frontman se dirige vers le devant de la scène où l’attend un stock de guitares folk et électrique et autres ukulélé ou harmonica.
L’américain entame son set par un "Greener than blue" tout en douceur. Le ton est donné. Malicieux, communicatif et inévitablement sympathique, il fait allumer la salle pour voir son public, se découvre et se raconte simplement entre les chansons.
Le public tout acquis est aux anges et chante sans se faire prier. Pop, folk, jazzy, soul, reggæ, Hugh semble à l’aise dans tous les registres et réussit à créer son univers propre.
Soirée de fête pour Hugh qui joue à l’Alhambra dans sa plus grande salle parisienne. Il se fait donc plaisir et invite Krystle Warren pour l’accompagner sur "All the lovers come and go these days" où d’une voix chaude elle répond à l’américain pour un duo langoureux.
Puis l’ambiance se fait festive sur le ska de "Magpie" et le public exulte pour l’entraînant "Could you be trusted" ou pour son biggest hit "On my hands". Jouant la presque totalité de son album, il dissémine cependant habilement quelques nouvelles pépites. Resté seul sur scène et voulant la totale-acoustique, il teste la résonance de la salle et la puissance de sa voix pour un "Sixteen" qui finira pourtant amplifié d’un simple micro. Finalement, le concert se conclut sur un nouveau morceau "Apologize" qui se transforme en un "Jealous guy" possédé.
Mais sous l’insistance du public, le quintet revient et débute le rappel par une reprise sautillante et enjouée de "In the Summertime" de Mungo Jerry.
Puis Hugh fait monter sur scène tous ses invités dont Spleen et Sandrine Nkaké, sculpturale chanteuse soul, pour l’accompagner sur une dernière chanson et conclure ainsi cette soirée sur un "Slow movin Traffic" collégial.
Hugh Coltman a fait ce soir une démonstration de ses talents humains et musicaux. Soirée classieuse à l’Alhambra. Et quand il y a la classe, il n’y a rien d’autre à ajouter. |