Comédie
de Mikhaïl Boulgakov, mise en scène de Grégoire
Ingold, avec Béatrice Avoine, Etienne Brac, Emmanuelle
Della Schiava, Aymeric Lecerf, Bounsy Luang-Phinith, Julien
Muller, Pembe Mwana-Khu, Eric Nasuti, Juliette Rizoud et Philippe
Vincenot.
La pièce a enchanté le public, aussi bien les
jeunes en sortie scolaire qu'un public plus habitué à
fréquenter les salles de théâtre. Il s'agit
d'un spectacle drôle, avec de belles qualités à
la fois techniques, de mise en scène et d'interprétation,
destiné à tout public. Une bonne soirée
de théâtre!
Mikhaïl Boulgakov, l'auteur
du "Maître et Marguerite" emprunte à
Molière la trame de son "Bourgeois Gentilhomme"
pour écrire "L'extravagant Monsieur Jourdain"
autour du thème d'un homme qui cherche à s'élever
au sein d'une société pervertie et corrompue.
C'est par le biais de la farce qu'il s'attaque ainsi au pouvoir
en place en Union Soviétique, mais déclare aussi
son amour au théâtre, à la comédie
et aux acteurs.
A l'issue d'une journée de répétitions,
une commande urgente pour une représentation au Palais
le lendemain est amenée au metteur en scène. Il
rappelle alors les comédiens de la troupe qui improviseront
sur "Le Bourgeois Gentilhomme".
La pièce mise en scène par Grégoire Ingold
est particulièrement dynamique. Les interventions sont
brèves, les répliques fusent, les tableaux se
succèdent à un rythme soutenu.
Grégoire Ingold privilégie, dans son adaptation,
le divertissement. Les costumes, ainsi que les chapeaux, sont
chatoyants, plein de fantaisie. Les lumières, par un
système de projection sur des rideaux en arrière-scène,
habillent richement un immense plateau carré qui empiètent
jusque dans la salle. Cette disposition favorise encore l'interaction
avec le public, parfois pris à témoin. Certaines
scènes sont même jouées dans les travées
du théâtre.
Pour cette adaptation, tous les aspects techniques, des costumes
aux maquillages en passant par la scénographie ont donc
été particulièrement soignés. Mais
ils servent avant tout une troupe de comédiens doués,
dont certains ont un très riche potentiel comique.
Ainsi se succèdent la scène du menuet, la scène
de bastonnade du Maître d'armes par le maître de
musique et le maître de danse, et la scène de l'intervention
du maître de philosophie, toujours dans un bel enthousiasme
et avec énormément d'énergie. Quant à
la scène de répétition finale, lorsque
Monsieur Jourdain se croit promu "Mamamouchi" après
avoir marié sa fille Lucile à Cléonte déguisé
en fils du Grand Turc, c'est un bien beau final.
Le rôle travesti de la femme de Monsieur Jourdain à
l'un des acteurs de la troupe est d'un effet comique irrésistible.
D'autant que le comédien en rajoute dans le décalage
entre le rôle d'origine dans la pièce de Molière
et son interprétation du rôle comme comédien
de la troupe invitée au Palais dans la pièce de
Boulgakov.
Concernant les aspects pratiques, il faut souligner à
destination du public parisien que, les mercredi et vendredi
soirs, un système de navettes aller-retour pour Clamart
est mis en place à partir de Châtelet, départ
à 19h. |