Medicine est de ces albums assez difficiles à définir. Bien qu’on puisse clairement le classer dans la catégorie Trip Hop, on note des influences de dub, funk, hip-hop et disco. A premier abord, l’ambiance peut paraître assez sombre, mais à bien l'écouter on comprend vite que Medicine, tel que son nom l'indique, apporte aussi le soulagement attendu dans cette obscurité.
Cirkus, faut-il le rappeler, est un groupe dont la composition est assez hors du commun, car il s’agit de deux couples de deux décennies différentes (d'un côté Neneh Cherry et Burt Ford et de l'autre Matt Karmil et Lolita Moon) dont le chemin s'est croisé un peu par hasard et qui ont commencé leur projet déjà en 2006 avec l’album Laylow. Burt Ford et Matt Karmil travaillent à la composition et alors que le premier prête généreusement sa voix (et quelle voix !), le second maîtrise l’art de gratter la guitare électrique. Neneh Cherry et Lolita Moon, quant à elles, accompagnent Burt au chant. Si l’annonce du nom de Neneh Cherry peut attirer subitement l’attention des néophytes du groupe, il est nécessaire de préciser que la chanteuse suédoise est certes un élément à part entière du groupe mais reste tout de même assez effacée et laisse volontiers ses partenaires sur le devant de la scène.
En écoutant Medicine, on se dit que Cirkus a choisi un nom de groupe approprié à leur style. Non pas qu'il s'agisse de musique de cirque avec trompette et cimbale, loin de là. Mais l’album offre, dans un désordre soigneusement choisi, une profusion de sons électro et bruits apocalyptiques, de la guitare et des voix aux timbres aussi différents que complémentaires, ainsi que des distorsions de voix, telles des voix intérieures difficilement compréhensibles qui essaient de faire surface douloureusement ("Drug of Choice").
C'est un spectacle auditif qui commence et finit avec des shows mélodiques qui nous captivent rapidement tels le charismatique "Bells" et le très bon "Hardly Breathing". Les morceaux centraux sont eux assez déstabilisants. Ils oscillent entre des ambiances apocalyptique "Beats Triple I" et psychédélique "Fight with a girl". Le quatuor semble être à la recherche du son qui lui est propre en testant de nouvelles expériences sonores. Enfin, la parade finit avec "Every Day Life" qui est un résumé de l’album, avec une rythmique complexe et des notes de disco et hip-hop.
Medicine est un album surprenant et bien "tripant" qui a un goût de reviens-y et qui éveille une certaine curiosité ; celle de savoir jusqu'où les portera leur exploration musicale sur leur prochain disque. En espérant qu'il y en ait un bien sûr. |