Accompagné par une petite troupe de potes au franchissement de la porte, j'entre dans l'antre (!) si prisée ce soir-ci, et ressens cette délicieuse ambiance festive déjà créée par ces futurs protagonistes de l'ombre que sont les spectateurs.
Gagadilo, groupe aux forts accents cuivrés, s'occupe de la première partie. Souvenez-vous, je vous avais parlé d'eux lors de leur performance dans la première édition de l'envers du Fil. Pour vous donner des nouvelles donc, sachez qu'ils vont très bien !
Leur musique est toujours aussi joyeuse et entraînante, l'assurance scénique est assumée et les sourires se propagent de la scène jusqu'aux moindres recoins de la salle. Décollage réussi !
La foule en veut encore et la formation nous offre un véritable final... En fanfare ! Gaité, bonheur, joie... Merci, c'était très bon ! Pour un peu, j'en aurai presque dansé (mais je ne sais toujours pas ce que j'ai bien pu faire de ce fichu balai ?!?).
Puis l'entracte, la pause entre les deux formations. Je dois avouer qu'il s'agit là d'une des entractes les plus réussies qu'il me soit arrivé de vivre. Tout était génial ! Le retour de la lumière dans la salle, intervenant tout-pile vingt-trois secondes après que le dernier musicien de Gagadilo ait quitté la scène ; les gens qui se répartissaient à une vitesse moyenne de trente-six pas à la minute, de la grande salle au bar, aux toilettes, voire même à l'extérieur pour s'adonner à une pause cigarette ; un brouhaha moyen mesuré à cinquante quatre décibels ; le tout, dans une désorganisation quasiment parfaite. Bravo à tous ceux qui ont oeuvré pour ce magnifique et somptueux spectacle. Merci, mille fois merci ! C'était formidable, je n'oublierai jamais...
Mais soudain, une sorte de frémissement devient palpable. Un frissonnement incertain parcourant la foule se fait ressentir. Le vent a interrompu sa course folle qui faisait vaciller jusqu'alors les feuilles dans les branches d'arbres bourgeonnants en cette saison dans la plaine du Forez qui s'extirpait douloureusement d'un rude hiver. Même les oiseaux avaient décidé de cesser leurs stridents sifflotements. Voici Les Ogres de Barback !
Bon, en fait lorsqu'ils ont débuté, j'étais en train de finir mon mégot dehors. Mais laissez-moi vous raconter un peu le reste du concert de ce groupe que je qualifierai d'emblée comme – que ça devrait même pas être permis que ça existe tellement c'est bien ! Une fraterie, deux frères, deux soeurs. Tous musiciens, et tous musiciens... multi-instumentistes, comme ont dit, je crois.
Mais là, lorsque les personnes en question, jouent chacun d'une dizaine d'instruments, faut inventer un nouveau mot.
A partir de là, vous comprendrez que les possibilités sont nombreuses, voire infinies.
Un coup j'te fais un morceau avec le chanteur à la guitare, une frangine au piano, l'autre à la contre-basse et le frère à l'accordéon... Et puis, le jeu s'installe : "Passe-moi la caisse claire, moi j'te donne le violon ; tiens, je jouerai bien un peu de scie, tu n'auras plus qu'à prendre le trombone à coulisse... Et si on faisait tous de la guitare ! Et si on jouait tous de l'accordéon !"
Non d'une pipe en terre ! (rose !) Ai-je envie de m'esclaffer. Pardonnez-moi cette prolifération de points d'exclamation... Mais c'était tellement bon ! Et je regrette amèrement, à cet instant précis, d'avoir usé tous mes plus beaux superlatifs dans de précédentes chroniques !
Les Ogres de Barback ne passent pas ou peu à la radio. Ils ont la réputation d'être un sacré groupe de scène. Et c'est vrai. Je n'avais jamais eu l'occasion de les voir jusqu'à cette fois et j'ai passé un très très très très très bon moment! Je vous déconseille donc chaleureusement et très sincèrement de ne pas aller à leur rencontre...
Pour conclure (et parce que c'est un ami !), je vous rapporterai ici les propos dithyrambiques d'un de nos plus fameux chroniqueurs stéphanois, Icos, qui déjà en 1999 après Jésus Christ, écrivait dans la revue devenue désormais mythique L'oeil du Troll : "Les Ogres de Barback, c'est mieux que Johnny !"
Voilà, je crois que tout est dit... Alors, je ne sais pas vous, mais pour ma part, je leur dis "A très bientôt !" Car sait-on jamais où les vents nous mènent... |