Ce devait être un mercredi, en fin d'après-midi. Ma mémoire me joue des tours... Je suis en retard. Et pis sacrément, même! Mais il me fallait m'appliquer, prendre mon temps, afin de soigner ce qui suit. En effet, il faut que je vous explique là, le déroulement précis de cette fameuse fin d'après-midi... C'était un mercredi!
La Rue Kétanou, je connaissais au point d'en avoir usé Ouvert à double tour, leur disque enregistré en concert il y a cinq années de cela, et pour les avoir vu en concert également. (Je ne me souviens plus exactement si j'avais d'abord eu le disque ou bien l'inverse?... On peut néanmoins convenir par le biais d'une convention commune, que ce détail n'est pas non plus ultra-important quand au bon déroulement de la suite de cette chronique... Hm?!)
"C'est pas nous qui sommes à la rue... C'est la rue qu'y est à nous!" Ce joyeux cri de guerre qui, à première écoute pourrait être digne de celui d'une équipe d'épileptiques surmotivés participants à l'émission Fort Boyard, ce véritable chant de ralliement, c'est l'identitée du groupe. "Slogan" qui naquît avant tout. Avant même qu'un nom de troupe ne soit trouvé, pas encore un nom de groupe. Car La Rue Két', il y a dix ans, c'est initialement une association de trois saltimbanques bourguignons bringuebalants leur verve spontanée à proximité d'oreilles qui voudraient bien l'écouter... Dans la rue ! Puis de la rue au théatre du fil, et... Mais...? Qu'est-ce qu...? Et pis...! Hein?...
Ah oui! Faut que je vous explique : Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais là je vous fait une sorte de biographie du groupe (assez détaillée et précise, d'ailleurs, je trouve, Non ?) et tout ceci, je le sais bien, ne me correspond pas du tout. Et vous, de votre côté, je sens bien que vous n'êtes pas dupes. Vous devez certainement songer : "Mais qu'est-ce que c'est que ce début de chronique? Il est complètement taré celui-là. Il nous fait une intro du style "petit un : historique du groupe"!... Eh Oh! C'est pas Télérameaux comme canard, là ! (Oui, en période de Pâques, on dit “rameaux”... Ah, ah!) C'est nul, mal écrit, bourré de fautes en tous genres et de niaiseries. J'vais pas l'lire jusqu'au bout. D'ailleurs, j'arrête... Là".
Eh, lecteur, Ne t'en va pas ! (Ai-je envie de te héler) Si je me permets cette entame-ci, c'est justement parce que j'ai participé à la conférence de presse précédant le concert.
La première d'ma vie, tu m'crois? Alors, voilà t'as vu, j'ai essayé de joué au journaliste. (C'était bien non? A un instant j'm'y suis cru, moi) En fait, comme chacun le sait désormais, je les avais déjà croisé sur scène, mais je n'avais pas imprimé leurs visages. (Non, je ne suis pas très physionomiste. Ou plutôt, je suis physionomiste de physionomistes... Par exemple, je me souviens des visages de tous les agents de sécurité du Fil, des videurs de boites de nuit de toute la région et du faciès du moindre petit vigile de chez Monop' Balaize, hein).
Mais, ne nous égarons pas trop. Car, ce que j'ai de plus important à vous raconter arrive. En effet, assis tranquillement à cette table, entièrement composée de personnes à priori bien-veillantes à mon égard, je commence à me détendre. Erreur fatale du point de vue textile, car je reçois un gobelet de café sur mon pantalon beige. (beige clair, même) Je suis sidéré. Atterré. Voire même éffondré. Constatant l'ampleur catastrophique des dégats dans le secteur de ma cuisse droite, je relève doucement les yeux pour finir par les porter directement dans le regard de mon agresseur à la cafeine... Il fait semblant de paraitre gêné, comme c'est touchant. Mais maintenant que je le regarde bien, ce type me rappelle quelqu'un... Mes premières connexions synaptiques me ramènent directement à un vague souvenir de joueur de foot italien. Assez grand, élancé, brun ébène légèrement frisé, une barbe de quatre jours, trois heures et vingt-sept minutes (!), de grands yeux bleus (Deux), et un sourire plein de dents blanches à vous flanquer par terre n'importe quelle fille qui voudrait décrocher du nutella! “Bonjour, Olivier. Je suis désolé.” Sapristi! Il fait des rimes en parlant, j'en déduit évidemment qu'il s'agit là d'un musicien. Partagé entre le violent désir de venger mon futal et l'admiration respectueuse de "groupie" que je lui porte, je décide courageusement de ne rien faire et de me sentir idiot. Quelle aventure!
A côté de cet évènement, vous comprendrez donc aisément qu'il ne me vienne pas à l'esprit de faits plus importants que celui-ci à vous narrer. Ah, si... oui, Il y eut un concert. Mais avant d'aller plus loin, je voudrai être un peu plus sérieux deux secondes. C'est vrai que je n'ai pas l'habitude de ce genre de "réunions". C'est vrai que je me dis que ça doit être bien pénible pour les artistes.(C'est pas une raison pour balancer son kawa sur le premier venu) Mais il me faut absolument vous dire cette réelle gentillesse teintée de bonne humeur qui caractérise Florent, Mourad et Olivier.D'ailleurs, je crois que le message qu'ils voulaient nous faire passer, et à mon avis, la seule et unique chose à retenir de cet exercice, c'est qu'ils aiment plus que tout "l'humour drôle". (Pourvu qu'ils ne tombent pas là-dessus).
Un peu plus tard dans la soirée... La grande salle du Fil est pleine. Trois formations : Madjid Ziouane, La Mine de rien, La Rue Kétanou. Inutile de vous préciser que ce fut une soirée musicale merveilleuse, mais je le fais tout de même.
Après une courte période d'abstinence scénique (le temps de faire des bébés, comme ils le précisent durant le concert.) le groupe nous revient encore plus vibrant et étincellant que jamais. (Ca fait bien "journaliste" comme adjectifs là, non ?)
L'accordéon de Florent et sa voix si particulièrement attachante (autant qu'une tâche de café sur un pantalon beige clair), les blagues et la guitare de Mourad (mais surtout la guitare, en fait), les rythmes et le côté "joueur de foot italien" d'Olivier... L'envie d'entendre, de danser, de rire, de se laisser bercer à nouveau par le son de l'accordéon (Instrument que l'on associe bizarement plus du tout à Yvette Horner ou André Verchuren lors de ce set), des ailes blanches et légères qui vous poussent dans le dos...
La Rue Kétanou, m'sieurs-dames! Pour les aigris, ce groupe à un fâcheux travers, celui de se rendre franchement utile comme catalyseur de bonne humeur et d'optimisme! Ce que les non-aigris apprécient et s'approprient aisément... Alors comme dernière précision, je me permettrai ceci : C'est pas la rue qui est à nous, mais c'est La Rue Kétanou... Qui est à nous!
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