Les irlandais ont toujours su tirer leur épingle du jeu en ce qui concerne la musique. C'est dans les gènes, diront ceux qui ont vu quelques mémorables boeufs dans quelques pubs reculés. C'est parce qu'ils n'ont rien d'autres à faire, diront ceux qui ne sont pas sensibles à la poésie du pays. Quant aux autres, ils savent évidemment que leur pays est une source inépuisable d'inspiration dans laquelle se baignent les musiciens irlandais depuis toujours, bien avant les Pogues ou les Waterboys, avant The Divine Comedy ou U2. Et la source ne semble pas tarie si l'on croit les productions qui continuent de nous parvenir mais aussi celles qui restent secrètement gardées comme Jape, Mundy ou Perry Blake qui s'exportent malheureusement trop peu.
Bell X1, né sur un ancien groupe de Damien Rice (mais sans lui) s'est sans doute longuement abreuvé à cette fontaine pop pour faire ce quatrième album, mélodique a souhait, léger et mélancolique avec son dosage au cordeau d'electro, de piano, de guitare et surtout une voix taillée pour faire craquer plus d'un coeur.
Trop bien dosé en fait, ce Blue Lights on the Runway. Calibrée pour faire encore une fois, comme leur collègues de Snow Patrol, les beaux jours de quelques séries américaines, comme Grey's Anatomy qui révéla le groupe il y a quelques temps déjà sur leur précédent album. Et c'est vrai que les mélodies semblent taillées pour ça, sans parler de quelques titres qui n'en finissent pas, prolongés sans véritable raison par d'interminables instrumentaux que l'on croirait là juste pour être copié-collé sur un quelconque générique.
Mais il ne faut voir le mal partout et sans être inoubliable, cet album comporte quelques bons moments notamment lorsque le groupe et son chanteur se laissent aller à jouer à être les Talking Heads à la place de David Byrne comme sur "The Great Defector" aussi bluffant en tant que chanson qu'en tant qu'exercice de style. "How your heart" est également remarquable malgré son long final instrumental electro rock.
"Light catches your faces" est lui aussi réussi même s'il a tout du slow chiant pendant lequel il faut allumer son briquet, ça fonctionne.
Essentiellement sur la voix sensuelle et touchante de Paul Noonan. "One string harp" est un de ces bons titres qui constituent la moitié du disque, encore une fois foulant les terres de Byrne notamment sur l'imparable refrain.
Au final, les 4 ou 5 titres vraiment réussis de ce disque ne suffiront pas à nous enlever l'impression qu'il traîne en longueur sans jamais vraiment marquer les esprits. En revanche, ils méritent largement l'acquisition du disque pour les amoureux d'une pop douce et mélodieuse, romantique et rêveuse et au final bien foutue, même si ça reste un peu trop propret et consensuel. Les autres pourront toujours attendre le prochain Damien Rice. |