Textes
de Gisèle Halimi et Amélie Kared, mise en scène
de Anna Andreotti, avec Marie Levy et Valérie Coue Sibiril.
"Puisque tu es une fille" est une adaptation d'après
la rencontre d'une avocate reconnue : Gisèle Halimi et
d'une étudiante en droit Amélle Kared. La mise
en scène d'Anna Andreotti place le texte au centre.
Les deux interprètes, Marie Levy et Valérie Coue
Sibiril représentent Gisèle, l'avocat de conviction
au moment d'un retour sur soi, d'un bilan de vie et Valérie,
celle qui se bat depuis toute petite pour quitter un destin
tout tracé, celui de la femme musulmane qui se replie
sur son intérieur, sa famille. Ce sont deux parcours
de battantes, comme un passage de relais entre génération.
La deuxième profitant des combats de l'émancipation
de la première.
Gisèle Halimi s'est battue pour que la femme ait le
droit à l'avortement, pour que les femmes déposent
plainte et fassent condamner leurs violeurs. Elle rappelle combien
il était périlleux, humiliant, d'aller se faire
avorter dans la clandestinité sur les tables de cuisine.
Aujourd'hui on dirait que les militants anti-avortement sont
encouragés. Le combat féministe a perdu de sa
vigueur. Parfois caricaturé, il n'est plus d'actualité
pour les nouvelles générations.
Alors en soufflant sur les braises en le présentant
dans les lycées, Anna Andreotti et ses comédiennes
permettent de considérer, de reconsidérer la place
des femmes dans la société, celle qu'on leur laisse,
celle qu'on leur dit meilleure pour elle. Aujourd'hui comme
hier, quels sont leurs choix dans la vie ? Ingénieur
comme les hommes, elles peinent à acquérir des
postes de prestige, à siéger aux conseils d'administration,
aux comités stratégiques. Et une femme peut-elle
aujourd'hui se détourner de la maternité sans
scandale, sans interrogations contrariées au sein du
groupe.
Par ailleurs le métissage culturel, les déplacements
de population renforcent l'urgence de ces questions et c'est
à l'Etat également, d'être responsable vis
à vis de ses citoyens, citoyennes, responsable de leur
respect, de leur sécurité, de l'égalité
des chances.
Alors oui, il faut prendre les leçons de combats passés
et quelque soit une position d'origine, croire en soi, parce
qu'il n'y a rien de figé "puisque tu es une fille". |