Un frenchie qui fait du pur folk américain, ce n’est pas si habituel. S’attaquer à ce style quand on connaît les maîtres du genre est osé, voire inconscient. Joseph Léon, sans se poser de questions superflues, l’a pourtant fait et a réussi avec Hard as Love à marcher sur les plates bandes des yankees illustres d’une bien belle manière.
Joseph Léon a changé de vie. Autrefois col blanc, il a trouvé son salut en réalisant son premier album Hard as Love. Conçu en marge des productions habituelles, à compte d’auteur, l’album traverse l’Atlantique pour jouer dans la cour des grands songwriters américains, rien de moins.
Dans Hard as Love, Joseph Léon chante ses histoires, ses fêlures et nous ballade le long de la côte ouest américaine pour un road movie sentimental, une introspection amoureuse qui amènera peut-être à la rédemption.
Le chant est en anglais bien sûr, comment pouvait-il en être autrement. Mais ce disque ne sonne comme une réalisation hexagonale. Le doute est même permis, s’immisce et finalement obsède. Une production épurée, qui se veut la plus authentique possible, loin de l’habituelle production française des groupes se voulant anglophones.
Le titre de l’album Hard as Love met les choses au point tout de suite. Ici, pas de protestation sociale mais des sentiments humains et une exploration des histoires d’A, qui finissent mal en général. Mélancolie lumineuse, vieille Chevrolet décapotable sur la route longeant la côte ensoleillée, lunettes de soleil vintage, ambiance d’une autre décennie. Autobiographique sans doute, comme la plupart des albums, mais même un peu plus. Ce dernier raconte, comme un long cheminement, l’amour, la déception, la chute, le noir, l’espoir.
Dans une optique d’album assez épuré, léger dans la forme, la guitare acoustique est inévitablement en avant, comment cela pourrait-il être autrement. Les chansons sans artifice bénéficient toutefois d’un renfort parcimonieux de piano, de chœurs et même d’un quatuor de cordes sur "Painless". On passe de la guitare arpégée façon Macadam cowboy sur "Myriam", au très californien "One in one out" en passant par "The long drink" que Neil Young n’aurait pas renié. Et tout en douceur, le languissant "Across the sea" côtoie l’ambiance Nouvelle-Orléans, plus feutrée, qui arrive au détour de "Forever cold", les balais du batteur caressant les peaux de son instrument.
A l’écoute de cet album, la seule chose à faire est de simplement se laisser bercer par la douceur des chansons et de laisser l’esprit vagabonder. Il n’y a rien de fondamentalement neuf et c’est pour le coup une qualité.
Joseph Léon s’inscrit simplement dans un sillon creusé par d’autres avant lui et y apporte ses histoires et ses cassures. Un album personnel qui n’en est pas moins universel. |