Réalisé par Denis Iliadis. USA. 2009. Horreur. Avec Monica Potter, Sara Paxton et Tony Goldwyn.
Les Collingwood décident de passer leurs vacances dans leur maison de campagne située au bord d’un grand lac. Un peu isolée, elle constitue le parfait endroit pour se ressourcer, surtout après le décès récent de leur fils. Mary, leur fille de dix-sept ans les convainc de leur emprunter la voiture familiale afin d’aller rendre visite à une amie locale, Paige.
Ces dernières vont faire la rencontre d’un jeune homme introverti qui va leur proposer de la marijuana. Elles accepteront l’offre. Une fois arrivées au Motel où il séjourne, elles seront prises en otage par une bande de psychopathes dirigée par le père de l’adolescent. Le rapt tourne au cauchemar : Mary et Paige sont emmenées de force dans un bois proche du lac. Après avoir été violées et battues, elles sont laissées pour mortes. La bande n’a toutefois pas pu agir tranquillement, les deux jeunes femmes ayant provoqué un accident de voiture pour sauver leur vie. C’est pour cela que, blessés, ils vont demander secours auprès des habitants de la dernière maison sur la gauche, qui s’avère être celle des parents de Mary. Ils signeront là leur propre arrêt de mort…
Ce film est le remake du premier film du grand Wes Craven, sorti en 1972. Ce brûlot d’une violence extrême avait fait scandale à l’époque. Inspiré de La Source de Ingmar Bergman (1960), Craven avait ouvert la porte à de nombreux réalisateurs adeptes du crade et de l’immoral. Bref, l’intérêt du film à cette époque était sa nouveauté au niveau du voyeurisme et du traitement frontal de la violence où rien n’est épargné au spectateur. On peut dire que des films comme Cannibal Holocaust de Deodato ou bien La Nuit des morts-vivants (première scène de cannibalisme au cinéma) de Romero ont suivi cette tendance hargneuse et ultra réaliste de l’horreur.
Mais là, on est en 2009, et je trouve que le remake d’Iliadis est complètement raté. Il ne suffit pas de tout montrer pour satisfaire l’amateur de films d’horreur. Alexandre Aja avait relevé haut la main le défi du remake de La Colline a des yeux, car il avait su changer le contexte et rendre l’insoutenable violence de certaines scènes nécessaires au scénario. De plus, même s’il est sanguinolent à souhait, ce film possédait quelques traits d’humour bienvenus, permettant au spectateur de souffler un peu.
Ici, ce n’est pas le cas : on est dans un contexte réaliste au possible, donc, pas de répit. Seulement, l’impression de gratuité totale me gène un peu. Iliadis a un talent certain, mais il l’a mal exploité dans ce film : tout est filmé dans le détail, et on se demande pourquoi on doit visualiser autant d’horreurs pour au final du déjà-vu. Les gentils qui se transforment en psychopathes sadiques par vengeance, c’est encore mieux dans La Colline a des yeux. Les scènes de viols et de meurtres ultra-réalistes, pourquoi pas, mais il faut que cela serve à quelque chose.
A priori la réflexion engendrée par de pareilles situations est de se dire que personne n’est à l’abri de devenir un monstre. Ici, on est content de voir les méchants se faire démolir les uns après les autres, parce qu’ils le méritent (rolala, la scène finale d’explosage de tronche au micro-onde… je ne regarderai plus jamais les gens qui réchauffent leur plats dans ce truc de la même façon…). Ils sont déshumanisés au possible. Cela change des films de monstres où l’on tue pour sa survie, et (oui, encore, désolée, mais la comparaison tient la route) dans La colline a des yeux, un embryon d’explication du contexte dans lequel les affreux sont devenus méchants permet un minimum d’empathie vis-à-vis d’eux. Cela ajoute du piment au film car, dans ce cas, on est mal à l’aise de les voir mourir.
Ben oui, Iliadis a loupé le coche : son film fait bien pâle figure dans la nouvelle vague du gore horrifique (Hostel, La colline a des yeux, The Devil’s rejects, entre autres). Passez votre chemin, et trouvez l’original en DVD !