On peut ajouter aux multiples qualités d’Harry Potter, celle d’avoir décomplexé les adultes de lire des romans dits pour adolescents.
La trilogie Uglies, Pretties, Specials, à laquelle s’ajoute un opus supplémentaire Extras, de Westerfeld Scott se revendique de la fantasy "catégorie jeunesse" mais, par ses différents niveaux de lecture, permet à des publics de tout âge d’y trouver son compte.
Tally, une adolescente de presque 16 ans (dans 3 mois) est la narratrice. Elle attend avec impatience son "opération" qui la rendra belle, qui la transformera de Ugly (moche) en Pretty (belle). Belle, cela veut dire dans ce futur éloigné de nous par quelques centaines d’années, un visage parfaitement symétrique, un corps idéalement proportionné, une peau sublime… mais aussi, cela veut dire habiter Prettyville, la ville peuplée uniquement de Pretties, qui passent leur temps à s’amuser dans des fêtes sans fin.
Mais pour cela, il faut avoir 16 ans. En attendant son anniversaire et son intégration dans cette évocation du film d'Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca, Tally, comme Marty McFly dans Retour vers le Futur de Robert Zemeckis, surfe sur sa planche magnétique et écoute sa nouvelle amie lui parler des Uglies qui ont renoncé à l’opération et ont décidé de rester moches et imparfaits, de ces rebelles qui sont partis vivre loin de la ville, loin de ses commodités, de ses murs qui vous donnent tout ce que vous désirez.
Les 3 tomes nous narrent donc les péripéties de Tally, dont le cœur et la raison balancent entre les deux mondes, Ugly et Pretty, ses rencontres, ses questionnements, son évolution.
Sous-jacents au récit de la vie de Tally, des thèmes et problématiques propres à notre époque actuelle parcourent la trilogie, comme la pollution qui mènera le monde à sa perte, l’importance de l’apparence, les "miracles" de la chirurgie esthétique, le formatage des esprits par les médias. Le public adolescent y trouvera un miroir à ses questionnements et à ses dilemmes : la volonté de se démarquer et d’assumer ses différences à concilier avec le sentiment diffus de vouloir quand même appartenir à un groupe et être comme tout le monde.
Le public adulte, non rebuté par le style simple et l’intrigue assez prévisible, y trouvera matière à réflexion sur le devenir de notre civilisation, sur les préoccupations écologiques et sécuritaires, sur la vision que les sociétés futures pourraient avoir de nous et de notre époque.
Tous retrouveront, dans cette "science-fiction soft", de l’humour, des références cinématographiques et littéraires et une certaine façon d’envisager l’avenir par les choix que nous avons à faire. |