René
de Obaldia, jeune homme de 90 printemps éternellement
vert, académicien malicieux, écrivain et auteur
dramatique prolifique qui n'a pas hésité à
réjouir ses lecteurs et admirateurs en montant sur scène,
celle du Théâtre du Petit Hébertot en avril
2009, pour évoquer son oeuvre y annonçait la parution
prochaine d'un nouveau volume d'impromptus.
Voilà qui est fait avec le recueil "Merci d'être
avec nous" dans lequel il commet, 50 ans après la
parution de ses premiers impromptus - courtes pièces
à tiroirs en un acte dont certains ont été
joués par Roland Dubillard et ont sans doute dû
inspirer à ce dernier ses "Diablogues" - qui
sont devenus des classiques du répertoire, cinq nouveaux
opus cocasses et caustiques qui lui sont directement inspiré
par la vie quotidienne.
L'acuité de son regard, sa fantaisie naturelle et sa
maîtrise de la langue et de la rythmique que sa plume
sculpte selon l'origine des protagonistes font de cette quinqualogie
une petite merveille d'humour tragique sur les phénomènes
contemporains révélateurs de la vacuité
existentielle et d'une certaine incommunicabilité.
René de Obaldia traque les progrès technologiques
qui n'ont jamais autant rendu manifestes la solitude et l'indifférence
à ce qui n'est pas soi que ce soit à travers le
téléphone portable ("A bâtons rompus")
ou la télévision, machine à verbiage, et
sa propension à brasser des mots par peur du vide ("Merci
d'être avec nous").
En terme de communication, le couple figure en bonne position
et l'auteur s'amuse à quelques déclinaisons aigre-douces
avec la rupture unilatérale facile comme "Une
page de tournée" qui fait penser à
la chanson "Salut les amoureux" de Joe Dassin ("On
s'est aimé comme on se quitte, tout simplement sans penser
à demain, à demain qui vient toujours un peu trop
vite, aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien")
et l'amour intéressé avec "Les
retrouvailles" pleine de gouaille entre Lulu le
zoulou et Fifi qui évoquent le couple Jouvet-Arletty de
"Hôtel du Nord", pour finir sur le coup de foudre
inattendu de "L'extra-lucide".
A lire donc en attendant de les voir portés sur scène.
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