Spectacle écrit par Elsa Solal, mise en scène de Frédéric de Rougemont, avec Odile Frédeval.

La pièce d'Elsa Solal traite du cas d'une femme battue, et des femmes battues en général.

Comment une femme peut-elle accepter de subir les coups, comment elle peut sombrer confrontée à une société qui préfère maintenir les convenances que faire face au calvaire d'un de ses membres, et ce au sein même de la famille.

La mise en scène de Frédéric de Rougemont consiste à enfermer l'actrice dans une sorte de prison invisible, un carré au sol composé de quatre tapis rouges déroulés. La lumière est parfois dans les clairs-obscurs, rasante, lorsque sont évoqués les moments doux du passés, et parfois la salle est baignée d'une clarté agressive lorsque sont évoqués les moments les plus violents. La violence faite aux femmes l'est dans une sphère privée, qui restera hors de portée, volontairement ou non, des yeux du monde alentour.

Le texte évite l'écueil du pathos. La précision, la volonté de ne pas seulement montrer un ressentiment envers le bourreau, mais d'analyser le pourquoi et de lever le tabou pour ces femmes qui souvent n'osent plus s'exprimer est la clé de ce texte, servi avec dignité par l'interprétation d'Odile Frédeval. La force de l'interprète dans ce rôle est son débit, sa diction. Elle donne une voix juste, claire, à cette femme. A toutes ces femmes, cachées, ignorées, oubliées.

Cependant, on ressort de cette pièce dénonciatrice avec peu d'empathie pour le personnage principal du fait du traitement du sujet. La puissance du message s'en trouve malheureusement sûrement amoindri.