Ballet créé et interprété par Gabriela Carrizo, Franck Chartier, Samuel Lefeuvre, Maria Otal et Eurudike De Beul (mezzo-soprano).
Le nom du collectif, Peeping Tom ("voyeur" en anglais), le titre du programme, "Le sous-sol", tout cela augurait d'un programme sombre, voire glauque. En fait, il n'en fut rien, bien que le thème tourne autour de la mort.
A début de la pièce, une maison de poupée prend feu. C'est le point d'entrée pour que tous les protagonistes se retrouvent dans ce sous-sol. Ce sous-sol, couvert de tourbe, n'est rien d'autre que leur tombe, cependant meublé du canapé, des fauteuils, de la table de leur environnement habituel.
Au son des cors d'une chasse à courre, Samuel Lefeuvre bondit sur la scène, se relève pour mieux s'étaler à nouveau dans la terre, puis rebondir à nouveau. Les mouvements sont toniques et amples. Franck Chartier rampe sous la scène, se frayant un passage sous le décor pour sortir comme une taupe d'un amas de terre. Il est, au sens le plus littéral du terme, déterré.
Maria Otal, 81 ans, une sorte de Saint-Pierre féminin et austère présente ses nouveaux congénères de l'au-delà, uniquement des noms de personnages décédés: Tchaïkovsky, Béjart, Brahms, Catherine Deneuve... L'humour est grinçant. Le public apprécie.
Tout au long du spectacle, les danseurs évoqueront les souvenirs de ce qui fait une vie, les souvenirs d'école, les jeux, la Noël, mais sutout l'amour, le désir,le sexe, les liaisons, les baisers, les affres de l'accouchement, et même l'allaitement lorsque Maria Otal se retrouve dans les bras et sur la poitrine d'Eurudike De Beul.
Les danseurs, à deux ou à trois, roulent dans la tourbe. Ils bondissent, se heurtent, leurs jambes s'entrelacent, on ne peut les détacher. Ils rampent, rentrent sous terre, ressurgissent du sol, jouent avec des ossements. Il y a eu des cadavres dans les placards de leurs vies.
A la fin du spectacle, une lumière blanche aveuglante s'allume sur le côté de la scène en provenance d'une porte, une ultime pelletée de terre tombe sur la scène. Au-dessus, c'est le jardin, les racines de l'arbre planté au-dessus des têtes sortent du plafond.
Si le spectacle a une inventivité narrative certaine, j'ai trouvé que la chorégraphie, même si elle est nerveuse et tonique, tout en sauts, pirouettes, crispations, tressautements ou heurts, finissait par tomber dans la répétition, voire la démonstration. Cependant le public a réservé une très longue ovation à la troupe, en particulier à Maria Otal, très présente tout au long du programme et qui semble prendre beaucoup de plaisir à être sur scène.