Il s’en fallait de peu qu’on y prenne goût à la musique d’exténués à la française, qui colle si bien au spot publicitaire des marques de supermarché. Il suffit enfin ! Déjà que l’époque n’est pas franchement à l’exaltation et à l’extravagance. Raison de plus pour qu’on aille se décongeler les oreilles, se faire bouillir le sang sur du rock et du punk. Mais oui, ça a existé les trous d’air, la saine colère, la parole libérée. Ca a existé les scandales aux marches des festivals, le rejet nauséeux et l’exploit vomitif. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. En effet, Izia annonce dix-huit ans. Ce qui ne l’empêche pas de l’incarner : Izia la révolutionnaire ?
Izia la rockeuse, qui se perche sur ses hauts talons pour trouver un air plus respirable et l’engloutir à elle seule pour le recracher à pleins poumons. Ca commence avec un riff de guitare, celle de Sébastien Hoog qui, porté par l’élan salutaire, se transforme en guitar hero rock. Et comme un coup de tonnerre, la voix de la jeune femme transperce la toile, épaulée par la batterie de Vincent Polycarpe qui achève le tout. De l’énergie, un aplomb et ça part, lancé à tout berzingue. Trépignante, trépidante et affolante la voix tendue comme un arc, grave et un peu cassée : celle d’une colère qui jaillit comme la lave de ces volcans endormis, on ne sait pourquoi : rien n’est jamais complètement domestiqué.
Comme ça fait du bien ! Comme si le temps s’arrêtait, que ça se passait ici et maintenant. Bon, si je délire, j’avoue que je viens de finir Lipstick Traces de Greil Marcus qui nous convainc qu’il existe un lien secret entre les dadas des années 20 et le punk des années 70, et que Jimmy Rotten des Sex Pistols et l’auteur de La Société du Spectacle, Guy Debord sont deux incarnations d’une même vigueur insurrectionnelle qui dérive à travers les époques. Et s’il avait ajouté Izia et Isidore Izou : énorme !
Nul ne sait expliquer pourquoi c’est puissant. Le sait-elle elle-même qui impose son tempo et sa nervosité au groupe. Le charisme dira-t-on, la conviction, le plaisir, le miracle d’être soi envers et contre tout.
Izia, allez ! Après tout, c’est juste un groupe de rock qui puise ses racines aux Etats-Unis et en Angleterre, histoire de remettre les pendules à l’heure de Big Ben ! N’allez pas demander à Izia pourquoi elle chante en anglais !
Heureuse conjonction des astres ou travail de fous furieux, une chose est sûre, Izia vient tout dynamiter. |