Vladimir Fédorovski nous raconte depuis plusieurs années les grands destins et les petites histoires des héros et héroïnes russes. Haut fonctionnaire soviétique, diplomate, il s’est installé en France après l’effondrement de l’URSS, pour se consacrer à l’écriture d’ouvrages sur son pays, ouvrages rédigés en français, mais qui, forts d’un succès mondial, sont traduits dans près d’une trentaine de langues.
Lors de l’ouverture des archives secrètes du KGB en 1991, il découvre la correspondance privée et intime de la tzarine Catherine II. Mais c’est presque 20 ans plus tard, après la publication de ses best-sellers que sont Le Roman de Saint-Pétersbourg et Le Roman du Kremlin, qu’il se décide à aborder ce personnage qui a marqué de plus d’une façon la Russie et le XVIIIème siècle. Grâce aux lettres découvertes, il nous dévoile dans son ouvrage Les amours de La Grande Catherine, cette grande impératrice sous l’angle de ses conquêtes amoureuses, avec en fond les événements historiques qui jalonnèrent son règne.
Mais tout d’abord un petit rappel historique pour replacer dans son contexte l’existence de Catherine II. Née allemande en 1729, Catherine fut choisit par Elizabeth 1er pour être l’épouse de son neveu Pierre III dont elle voulait faire son héritier. Son mariage n’était guère heureux à côté de cet homme qui vouait une admiration sans borne à la Prusse, et s’intéressait peu à son pays et encore moins à son épouse. Catherine, par contre, s’était convertie à la religion orthodoxe, avait appris la langue, la culture et les usages de son pays d’adoption, la Russie. En 1762, avec le soutien de la garde impériale par l’intermédiaire de son amant l’officier Grigori Orlov, elle provoqua le coup d’état qui renversa son mari et la plaça au pouvoir pour les 34 années suivantes, jusqu’à sa mort en 1796.
Catherine II était une femme de pouvoir d’une intelligence rare, une européenne avant l’heure, francophile, mécène, réformatrice, qui a laissé une empreinte aussi bien physique sur son pays – par la construction de palais – qu’intellectuelle par les soutiens qu’elle apporta aux arts, aux philosophes et au monde des idées en général de ce siècle dit des Lumières.
Mais c’était une femme avant tout, animée de sentiments, de pulsions dirions-nous aujourd’hui, une amoureuse exceptionnelle, qui choisissait ses amants non seulement pour leurs qualités physiques mais aussi pour leurs valeurs et leurs mérites intellectuels.
Ayant rencontré l’amour de sa vie, Grigori Potemkine, à 44 ans, elle eut cette phrase fameuse : "Les vraies histoires d’amour commencent toujours après quarante ans". Elle aurait eu 11 amants dans toute son existence, c'est-à-dire, selon l’auteur, moins que la moyenne des françaises actuelles, qui serait de 11,5...
A toutes les époques, il y a eu collusion entre le pouvoir et l’amour. Les favorites des rois, les secrets d’alcôves des présidents ; sont des lieus communs tant est connue l’attraction qu’exercent les personnes accédant au pouvoir sur la population. A la différence d’autres monarques, Catherine II a su choisir ses partenaires pour en faire des alliés, des conseillers, et les a toujours poussé à se dépasser, pour les faire accéder à des postes où ils pouvaient montrer la pleine mesure de leurs qualités. Plutôt qu’un catalogue des amours et pratiques de la tzarine, Vladimir Fédorovski nous rapporte l’histoire d’une femme d’une grande modernité, qui a su gouverner un grand pays en conservant sa nature de femme. Nous avons toujours à apprendre de l’Histoire... |